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Benoît XVI envoie ses émissaires à Damas

Le 16 octobre 2012, le Cardinal Bertone, Secrétaire d’État, a pris la parole devant l’assemblée synodale: « Nous ne pouvons demeurer de simples spectateurs face au drame syrien. Certaines interventions faites ici témoignent de notre préoccupation. Pensant aux terribles souffrances de la population, au sort des personnes déplacées et à l’avenir du pays, certains que la solution de cette crise ne peut qu’être politique, certains pères ont suggéré que notre assemblée exprime sa solidarité au peuple syrien. C’est pourquoi le Saint-Père a décidé d’envoyer prochainement à Damas une délégation chargée d’exprimer en son nom et en notre nom la solidarité de l’Église envers le peuple syrien et envers nos frères et sœurs chrétiens. Porteuse d’une aide collectée parmi les pères synodaux et d’un complément de la part du Saint-Siège, elle entend encourager tous ceux qui œuvrent à une solution respectueuse des droits et devoirs de chacun dans le respect des règles humanitaires« .

C’est Benoît XVI lui-même qui a pris cette décision. Une première dans son pontificat à l’exception de l’envoi du cardinal Peter Turkson en Côte-d’Ivoire.

Plusieurs cardinaux participeront à cette initiative forte. La délégation, qui devrait se rendre en Syrie la semaine prochaine, après que le nonce ait réglé les formalités avec le gouvernement, sera composée des Cardinaux Mosengwo Pasinya (RD Congo), Tauran (France Saint-Siège), Dolan (USA), Mgr.Suescun Mutis (Colombie) et Mgr.Nguyen Nang (Vietnam). Ces pères synodaux seront accompagnés par le Secrétaire pour les relations avec les États, Mgr.Mamberti, et un officiel de la Secrétairerie d’État.  (source VIS)

Une visite à forte incidence politique

Pour Mgr Gollnisch, cette initiative « forte et originale », qui revêt une portée diplomatique évidente, a été rendue possible par le récent voyage du pape au Liban : « À Beyrouth, Benoît XVI a montré que son propos n’était pas de soutenir les chrétiens contre les musulmans, mais de promouvoir une parole de paix pour tous. »

À Rome, l’enlisement du conflit rendait cette intervention urgente.
« L’objectif de la réconciliation n’est pas de redorer le blason du régime »

Selon Mgr Gollnisch, la Syrie est dans une impasse : diplomatique, politique et militaire.

Le pays se détruit, chaque jour il y a des dizaines de morts, donc des centaines de blessés, de maisons détruites, d’exactions …

La voix spirituelle

Si les diplomates et les politiques ne peuvent rien faire, il faut que d’autres prennent des initiatives. Au plan militaire, aucun des camps ne peut arriver à une victoire. Il faut donc ouvrir une autre voie. La voie spirituelle. Le pape peut faire appel à la cessation des combats. « L’appel adressé aux hommes de bonne volonté ». C’est la seule solution, on ne peut laisser les gens s’entretuer indéfiniment.

« Nous, à l’Œuvre d’Orient, nous inscrivons dans le cadre de la démarche du Pape et des patriarches, comme l’appel de Grégoire III, et nous demandons l’arrêt des combats sans préalable.  Il faut demander l’arrêt pour tout le monde, c’est la seule solution. Suivi de l’envoi rapide des casques bleus. Et enfin se mettre autour de la table pour dialoguer. C’est la seule voie raisonnable. »

Évangéliser c’est aussi travailler à la paix, c’est être un artisan de paix. » conclut Mgr Gollnisch, rappelant que cette annonce a été faite alors que les patriarches et près de 300 évêques sont réunis actuellement en Synode pour la Nouvelle Évangélisation.

Sur place, la nouvelle de cette visite a été accueillie comme une bouffée d’oxygène par les chrétiens.

Depuis Beyrouth, le P. Ziad Hilal, qui vit à Homs, l’un des épicentres de la crise syrienne, se réjouit que l’Église délaisse « les discours théoriques » pour « une réaction active ». Comme Mgr Gollnisch, ce jésuite se dit convaincu que l’engagement direct de l’Église catholique peut dessiner une « troisième voie », après l’échec des Nations unis et l’inertie de l’Union européenne. Pour cela, elle peut faire valoir sa « neutralité », afin de favoriser les liens entre les deux camps. Jusque-là, l’appel lancé cet été par la Communauté de Sant’Egidio est resté lettre morte. « Notre seule porte de sortie, c’est que tous s’assoient à la table des négociations. »

Source : Œuvre d’Orient, VIS, La Croix