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« L’insécurité préoccupe davantage les familles irakiennes que la morale » Mgr Louis Sako

Par Gwenola de Coutard

Source Pèlerin n°6931, du 1er octobre 2015,

Quelles sont les problématiques des familles irakiennes, bouleversées par l’exil ?

L’exil a causé un grand traumatisme psychologique. Les parents sont remplis d’inquiétude quant à l’avenir de leurs enfants. Ils ont perdu tout ce qu’ils possédaient. Le peu d’espace dans les camps de réfugiés est aussi une épreuve pour les couples, qui manquent d’intimité.

Les problèmes des familles chrétiennes aujourd’hui en Irak ne sont pas liés à la morale mais plutôt à la guerre et à l’émigration, qui entretiennent un climat d’insécurité et des séparations durables. Il y a aussi des questions liées à la vie dans un environnement majoritairement musulman, car l’islam a une autre conception de la sexualité et de la famille avec, par exemple, la pratique de la polygamie.

 

Comment avez-vous vécu le premier synode ?

Comme un temps de véritable dialogue, dans une grande liberté. J’ai particulièrement apprécié la présence des laïcs venus témoigner, comme ce couple irakien qui a parlé du choix de nos communautés de rester fidèles à leur foi, dans leur pays, ce qui représente un sacrifice.

La sécularisation que vivent les chrétiens occidentaux est à mes yeux une réaction au rigorisme que l’Église a longtemps diffusé dans cette partie du monde. Je remarque aussi que la société occidentale se base sur une laïcité neutre qui crée un individualisme fort, contrairement à l’Orient, où la famille est davantage une communauté.

À propos de l’accès aux sacrements pour les divorcés remariés, je suis intervenu pour suggérer de s’inspirer de l’Église primitive, qui avait établi une initiation progressive pour les catéchumènes. Il faut, bien sûr, proposer un véritable discernement pour ne pas sombrer dans la permissivité, mais ouvrons les yeux : ce risque existe aussi avec les demandes de reconnaissance en nullité des mariages. Oui, une forme de « divorce catholique » existe déjà. Le sacrement du mariage est, certes, en termes théologiques, un reflet de l’union entre le Christ et l’Église, mais la relation entre un homme et une femme n’a pas le même degré de perfection, et peut connaître l’échec. Comme pasteurs, nous devons pourtant témoigner que Dieu relève ! Tout en insistant sur la fidélité.

 

Quelles attentes avez-vous envers la prochaine session ?

Qu’elle aide les gens à vivre le message de l’Évangile. Je crois que l’Église pourrait mieux prendre en considération certaines différences culturelles. La référence à la tradition ne s’oppose pas à une certaine mise à jour. Jésus était très libre ! Et il s’est opposé fortement aux pharisiens, comme à tous ceux qui voulaient exploiter les gens.

Gwénola de Coutard


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