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« Au Liban, la prison est devenue un lieu de stockage » – Entretien avec le Père Elie Nasr, responsable des aumôneries de prison du Moyen Orient

Au Liban, les trois plus grandes prisons du pays (NDLR. la prison de Roumieh près de Beyrouth, dans la Bekaa la prison de Zahleh et la prison de Tripoli au nord) regroupent près de 4000 prisonniers, dont 400 chrétiens. C’est pour eux que se déplacent toutes les semaines une centaine de religieux, prêtres et religieuses. Leur but ? Etre « présents auprès des prisonniers et de leurs familles, participer aux messes le dimanche et les grandes fêtes, les accompagner spirituellement la semaine, assurer la confession » explique le Père Elie Nasr. « C’est un travail organisé par tout le monde, chacun a sa fonction ».

Dans l’aide qu’ils apportent aux prisonniers, pas ou presque pas de distinctions entre les chrétiens et les autres confessions. « Nous nous occupons des chrétiens au point de vue spirituel, mais sur le plan social et humanitaire nous prenons en charge tous les prisonniers et toutes les nationalités. Ils ont besoin de beaucoup de choses, des habits, des détergents, des médicaments parfois. On essaie également d’obtenir des moyens de subsistance pour leurs familles, leurs enfants, les besoins scolaires ».

Les prisons libanaises ont ainsi de nombreuses fois été épinglées par des associations libanaises et des représentants du droit international pour les conditions de détention. « C’est misérable » confie l’aumônier de prison. « Ils vivent dans des conditions qui ne sont pas aux normes. Par exemple Roumieh, le plus grand établissement pénitentiaire du pays compte 3500 prisonniers pour une capacité de 1000 personnes. Là-bas, il y a tous les genres de crimes, des plus difficiles et effrayants aux petits crimes. Le problème est que tous sont mélangés sans distinction. Il n’y pas de place pour les séparer ».

« accompagner les prisonniers à leur sortie »

« Notre deuxième objectif est d’accompagner les prisonniers à leur sortie. Aujourd’hui, le problème est que la prison est devenu un simple lieu de stockage alors que la réintégration après la prison commence dans les cellules. Il faut un programme, il faut un suivi, une étude de dossier. Il faut respecter le travail de l’assistance sociale, de la psychologue, du psychiatre, des aumôniers. Il faut travailler en groupe, et que ça soit professionnel. Enfin la société doit être préparé pour accueillir et intégrer ces prisonniers. Avec l’élection d’un nouveau président et d’un nouveau Premier ministre, nous espérons que cela change ».

 

ASSM