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Ce pape nous étonnera toujours.

Un professeur de théologie s’est invité dans le chaudron libanais. Alors que toute la région s’inquiétait de la possible annulation du voyage (sous ces latitudes, un attentat est si vite arrivé..) il a expliqué, dès les premières minutes, de sa voix frêle, que jamais il n’avait songé à renoncer.

Alors que le Moyen-Orient est par excellence le lieu des outrances, des envolées verbales, des provocations symboliques, le pape théologien a soigneusement évité de se situer sur le terrain politique. Mot à mot, il a ramené le débat sur les terrains essentiels : anthropologique, philosophique, théologique, ecclésiologique.

Alors que les mots, au Levant, s’envolent très vite, très haut, très loin, Benoît XVI s’en est tenu à un registre lexical d’une extrême sobriété.

Là où certains attendaient des mots, voire des gestes, prophétiques, le pape a développé patiemment une grande catéchèse qu’il aurait aussi bien pu, en grande partie, tenir à Londres ou Buenos Aires.

Dépassant les (nombreuses) Eglise particulières locales, le pape de Rome s’est adressé à l’Eglise universelle et au monde.

Là où une partie de l’opinion catholique est parfois tentée de rendre œil pour œil face aux agressions fondamentalistes, Benoît XVI a tenu à recentrer le débat sur l’indispensable dialogue avec l’islam, appelant à des prières publiques associant chrétiens et musulmans pour la paix.

Pas à pas, en dépit de l’âge avançant, Benoît XVI trace toujours le sillon de son pontificat. Jamais désincarné, même s’il paraît parfois hors sol, il s’exprime toujours sur le fond plus que sur la forme. S’il ne le fait pas, qui le fera ?

Recevant du pape le texte de l’exhortation apostolique « Ecclesia in Medio-Oriente », Mgr Louis Sako, évêque de Kirkouk (Irak) lui a dit : « Avec vous commence le printemps de l’Eglise au Moyen-Orient ! ». « Je l’espère ! » lui a répondu Benoît XVI.

de Frédéric Mounier pour La Croix