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Commémoration de l'Holodomor

« La grande famine organisée par Staline en Ukraine a fait 4 millions de morts en 6 mois (7 millions en tout entre 1932 et 1933 en Ukraine et Russie – ndlr). Il faut imaginer ce chiffre terrible, cela représente 20.000 personnes qui meurent chaque jour de faim pendant six mois. Pour les Ukrainiens, c’est la blessure la plus profonde, en plus du nombre de victimes effroyables, cette famine a éradiqué la culture populaire et paysanne de l’Ukraine » souligne Antoine Arjakovsky.

Alors que les commémorations de ce que qui est reconnu par un génocide par de nombreux pays se déroulent partout dans le monde, l’Ukraine vient de fixer au quatrième samedi de novembre, le jour de commémoration officielle des victimes de l’Holodomor, soit le 24 novembre pour cette année.

A Lyon, était célébrée dimanche 18 novembre hier la Divine Liturgie en présence du Cardinal Barbarin et Mgr Boris Guzdiak, éparque de Saint-Volodymir-le-Grand de Paris des Byzantins-Ukrainiens, en mémoire des victimes.

L’Holodomor, soit l’extermination par la faim, fut méticuleusement planifiée par le Kremlin. Ces réquisitions ont été délibérément organisées par un régime qui voulait broyer la société paysanne traditionnelle, considérée comme un foyer de résistance à l’évolution vers la « société communiste », tout en conduisant une guerre contre la religion, détruisant de nombreuses églises dans les campagnes. Toute la production alimentaire des villages fut confisquée, et des brigades furent envoyées pour confisquer la nourriture chez les paysans. Mourant de faim, ceux-ci n’eurent plus d’autres choix que de fuir, mais toute fuite fut réprimée par le régime stalinien. La lente agonie que provoque la faim détruisit également le tissu social, plus d’entraide, de compassion. Les plus généreux mourraient en premier, ne résistaient que ceux qui luttaient contre tous pour ne pas mourir à leur tour. Des témoignages de survivants montrent cependant que dans cet effroyable combat pour la survie, certains eurent des comportements héroïques.

Les conséquences, 85 ans, après, sont encore palpables dans la société ukrainienne. Le monde rural a été dévasté et anéanti alors qu’il était la richesse de l’Ukraine (43% de la récolte mondiale d’orge, 20% de celle du blé était ukrainienne avant la Première Guerre Mondiale)[i] Longtemps tue, aussi parce que des cas de cannibalisme hantaient les mémoires, elle ne fut révélée au monde occidental que quarante plus tard, avec la publication de l’Archipel du Goulag, de Soljenitsyne.

« Les gens ramassaient des racines et préparaient de la soupe avec pour survivre…  ils mangeaient des vers de terre » racontait une survivante. « Le but de ce génocide était d’anéantir le peuple ukrainien en tant que nation, pour que nous oublions qui nous sommes et nous obliger à nous soumettre au pouvoir soviétique ».

Ce dimanche 25 novembre à 14h30 une messe en la cathédrale Notre Dame de Paris en présence de Mgr Boris Guzdiak, commémorera, comme chaque année, cette famine dévastatrice.

 

[i] https://www.lorientlejour.com/article/1143630/holodomor-en-ukraine-1932-1933-lextermination-par-la-faim.html