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Inauguration d'un chemin de croix pour les chrétiens d'Orient

« Cette réalisation je ne l’ai pas faite toute seule mais c’est toute une dynamique et une mobilisation qui s’est faite autour de ce projet. C’est avec vous qui avez participé d’une manière ou d’une autre au soutien de nos frères et sœurs chrétiens d’Orient ; que ce soit par la mise en place de veillée de prières pour les chrétiens d’Orient organisée par Richard Wakim, David Frayssinet et Roula Berberi et d’autres, par vous tous qui avez prié pour nos frères et sœurs dans la foi ou que ce soit par vos dons et par l’investissement de la Fraternité Saint Kisito qui a envoyé les dons à l’Œuvre d’Orient jusqu’à l’équipe qui a posé les croix sur les murs de l’église, par ma maman qui m’a bien aidée pour me libérer du temps afin que je puisse réaliser les croix, sans compter ma famille et tout ceux qui m’ont soutenue par leurs paroles bienveillantes, leurs attentions, et leurs encouragements ; que ce chemin de croix a vu le jour.

C’est grâce à la participation de chacun et l’acceptation de ce projet par le Père Alain, le conseil Pastoral et la Mairie que ce projet a pu se réaliser.

 

Mais tout a commencé par une prière dans un sentiment d’impuissance face à la croix que vivent nos frères et sœurs d’Orient.

 

J’ai été bouleversée face aux persécutions de nos frères et sœurs d’Orient et la lecture du livre de Raphaël Delpart journaliste athée, sur « La persécution des chrétiens aujourd’hui dans le monde » paru en 2009, qui dénonce également, le silence assourdissant de l’Occident face à ses persécutions que révèlera l’Histoire dans le futur.

Alors j’ai adressé cette prière : « qu’est il possible de faire Seigneur ? » Puis j’ai tout oublié, comme à mon habitude, mais pas le Seigneur !

Le Seigneur nous précède dans toutes choses à tel point que je veux vous partager que le jour où j’ai remis la dernière croix le mercredi 21 février de cette année lors d’une messe en semaine sans le savoir, à ma stupéfaction les textes lus étaient ceux du livre du prophète Jonas qui a été un signe pour les habitants de Ninive et l’évangile selon St Luc (11,29-32) concernant Ninive. C’est alors que j’ai pris conscience que les dons versés à « L’Œuvre d’Orient » serviront à la reconstruction de la plaine de Ninive et permettront aux chrétiens qui le veulent de revenir dans leurs villages qui ont été dévastés. Plutôt un clin d’œil du Seigneur qu’un hasard… car pour le chrétien le hasard n’a pas de place si ce n’est la providence.

Tout comme il y a 2 ans et demi le père Alain m’a fait part de la difficulté à trouver un chemin de croix pour l’église, le choix sur le marché étant limité et les tarifs onéreux. Je ne sais pas moi même pourquoi ; mais comme on s’adresse à un ami, je lui ai alors naturellement proposé de les réaliser.

Deux semaines après ma proposition, le père Alain est venu me voir pour me proposer de faire une première croix. J’ai regardé l’église, fascinée par la restauration qui a été orchestrée par la mairie qui l’a rendue bien belle, fascinée par ces couleurs et la foi de nos ainés. Je me suis dit que si jamais la croix que j’avais à réaliser n’était pas acceptée, autant que je me fasse plaisir et j’ai commencé par la 6ème station et non la première : Véronique essuie le visage de Jésus.

J’ai donc réalisé la première croix qui a été présentée au Conseil Pastoral qui a donné son aval ainsi que la mairie.

Lorsque l’on m’a demandé combien je demandais financièrement pour les croix, je n’ai pas su tout de suite répondre. Parallèlement mon ami Monseigneur Nassar, Archevêque de Syrie de passage en France que j’ai rencontré au Liban dans les années 90 lorsqu’il était prêtre est venu nous rencontrer. C’est à ce moment que j’ai fait le lien entre le chemin de Croix à réaliser sur Plaisir et ceux et celles qui vivent la croix dans leur être. Il a pu venir ici même faire une conférence sur la situation des chrétiens en Syrie. Monseigneur Nassar qui ne veut pas quitter la Syrie encore aujourd’hui et a échappé miraculeusement ce 8 janvier à la mort. Un obus est tombé sur son lit quelques instants après qu’il se soit levé pour aller au lavabo.

Face à la souffrance de nos frères et sœurs en Christ ;  c’est alors que j’ai proposé que l’argent perçu soit versé aux chrétiens d’Orient. Le montant de chaque croix est de 500 euros et donc le total pour les 14 stations est de 7000 euros. Et c’est alors que je me suis souvenue de la prière adressée au Seigneur- « Que peut-on faire ?»

Puis est née une mobilisation et une participation de chacun dans un élan de prières et de dons. Ce chemin de croix a été réalisé en communion avec nos frères et sœurs d’Orient dans la foi.

 

Des croix en faïence décorées à l’engobe bleu ciel, cuite à 1010 degrés

 

Pour en venir aux croix j’ai voulu qu’elles s’intègrent bien dans le style de l’église. Elles sont en faïence, décorées à l’engobe bleu ciel, cuites à 1010 degrés, patinées essentiellement au brou de noix et à la cire. Ce sont des croix de type celte avec un cercle central comme pour symboliser l’Ostie où j’ai pu représenter en art figuratif chaque station, car la parole du Seigneur est nourriture. Ainsi chacun est invité à connaître, à s’interroger et à méditer la station qu’il regarde ainsi qu’à aller ouvrir sa bible. C’est pourquoi vous verrez sur la station XIII inscrit des versets de la Bible (je ne vous les dis pas comme cela vous pourrez aller voir dans la Bible si le cœur vous en dit) ou bien station X, une référence à notre histoire de France car c’est en la Basilique de Saint-Denis-d’Argenteuil pas très loin d’ici qu’est conservée la Tunique de Jésus-Christ.

J’ai voulu montrer un Jésus qui donne sa vie en toute lucidité, force et détermination « Que n’aurait-il pas fait pour nous ? » nous montrant l’homme nouveau que nous sommes tous invités par lui à faire naître en chacun de nous. Station VIII « Ne pleurez pas pour moi mais pour vos enfants », car le mal nous conduit à notre propre destruction, par faiblesse ou complaisance,  tout comme par esprit de domination.

 

J’ai souhaité en représentant l’auréole sur Jésus à chaque station nous inviter à ne pas oublier la divinité de Jésus, de Celui qui est de toute éternité, de celui qui nous enseigne et nous guide, renversant le système des valeurs.

 

Ce n’est plus la loi du plus fort ou du plus malin qui est honoré mais le réveil, la conscience de l’humanité face à sa déshumanisation qui habite chacun d’entre nous.

J’ai voulu révéler Jésus-Christ 100% homme et 100% Dieu. Tenant le monde, l’histoire dans sa main mais aussi voulant nous faire entrer dans sa paix et sa joie d’où la couleur bleu ciel à la fois apaisante et insistante.

Cette paix représentée par ce bleu ciel et malgré tout bien difficile à concevoir et à vivre sans unité avec le Christ toujours central. C’est comme si cette couleur émanait de Jésus pour celui et celle qui veut bien se laisser enseigner par lui et se risquer à vivre avec Lui.

Ces lacets entortillés sont souvent comme nos vies et notre esprit : tortueux dans ce bleu qui nous laisse sans cesse la possibilité d’entrer dans cette intimité et unité avec Dieu que Jésus nous permet par sa victoire sur le mal qu’Il a décidé de porter dans son histoire humaine par sa croix représentée par les contours couleur bois. Ce bleu contourné par la couleur bois nous ramène à l’humilité et à l’amour de Dieu par son sacrifice de la croix connaissant nos difficultés remplies de miséricorde.

Une fois une de mes filles m’a partagé une de ses expériences avec le Seigneur. Elle se demandait et demandait au Seigneur pourquoi il fallait toujours le louer. Ouvrant sa bible elle est tombée sur le verset suivant : « Car Eternel est son Amour ».

L’artiste Esther Staron

Voilà ; ce bleu, la croix, cela représente l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous. Le cercle raccordant chaque partie de la croix c’est comme la grâce du Seigneur qui circule, car là où le péché abonde la grâce surabonde.

L’auréole de Jésus qui s’étend au niveau du contour du cercle central sur les dernières stations symbolise la victoire définitive de Jésus sur le Mal. Jésus homme est passé par la mort, relevé par le Père par la puissance de l’Esprit-Saint. A la XIVème Station, Marie blessée mais confiante et non abattue est tournée vers Christ, elle demeure dans la présence de Dieu dans sa cellule intérieure, disponible pour ceux qui la sollicitent, comme en communion avec tous ceux qui vivent la croix dans leur être, le regard tourné vers Dieu dans l’attente de la réalisation des écritures dans l’Histoire avec un grand H et dans chacune de nos vies si nous voulons bien faire une place à Celui qui Est de toute Eternité. »

Esther Staron