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Discours de Mgr Pascal Gollnisch lors de l'inauguration de Charfet

 

Béatitude,

Excellence

Monseigneur,

Monsieur l’ambassadeur

Mes pères, mères, et sœurs,

Chers amis,

 

Depuis 162 ans l’Œuvre d’Orient essaye d’apporter l’aide des catholiques de France, à nos frères des Églises orientales.

Il ne s’agit pas simplement d’aide d’ailleurs, il s’agit d’une amitié, d’une rencontre, d’une communion spirituelle. C’est aussi par les temps qui sont les nôtres la recherche d’un plaidoyer au service des chrétiens d’Orient auprès des pouvoirs publics et de l’organisation internationale, avec d’ailleurs un résultat assez moyen il faut bien le reconnaitre, mais nous ne ménageons pas nos efforts. Encore dernièrement vous savez que le prince héritier d’Arabie Saoudite était en France. Nous avons fait un communiqué pour demander son Altesse royale de procéder sans délais à la construction de 10 lieux de culte catholiques en Arabie Saoudite pour les deux millions de chrétiens qui y vivent. Je ne m’attendais pas à ce que cela ait un résultat immédiat, parfois il faut semer et d’autres finissent par moissonner.

 

Mgr Ignace Youssef VIII Younan patriarche syro-catholique d’Antioche, présent lors de l’inauguration

L’Œuvre d’Orient est aussi bousculée par ce que vivent nos frères notamment en Syrie et en Irak, je suis de plus en plus conscient que nous travaillons sur le mode d’un échange. Que vous même chrétiens du Proche-Orient avez beaucoup à apporter aux chrétiens de France, d’Europe, et d’Occident. Nous avons conscience aussi de devoir travailler avec vous, en vous écoutant, pour construire un projet de société viable et stable pour les peuples du Proche-Orient. Je ne sais pas si la démocratie a une raison d’être ou pas ici même, mais nous ne pouvons pas nous dispenser d’un vrai projet de société.

Je tiens à vous dire Béatitude ma joie d’être ici. Nous gardons des souvenirs forts de votre visite en France, à Paris. Vous savez Béatitude, le désir ardent des collaborateurs de l’Œuvre d’Orient pour faire connaitre les Églises orientales et spécialement l’Église syriaque catholique. Vous avez parfaitement compris que faire connaitre la culture de l’Église syriaque ne consiste pas à l’enfermer dans des musées. Vous avez honoré de votre présence, l’inauguration de l’exposition dans l’Institut du monde arabe sur l’histoire biblique des chrétiens d’Orient à Paris, puis à Tourcoing. Ces expositions ont été inaugurées par le Président de la République française, par le Président de la République libanaise, par le premier ministre d’Irak, par le premier ministre français, et vous étiez là, Béatitude, à nos côtés.

Vous savez bien précisément que ceux qui veulent détruire la présence chrétienne en Orient, par exemple le Daesh mais nous savons bien qu’il n’y a pas que le Daesh, veulent en particulier s’attaquer à la culture, aux monuments.

Ils voudraient ainsi voudraient estomper la reconnaissance des chrétiens d’Orient et particulièrement de l’Église syriaque comme une vraie composante du Proche-Orient. Composante certes bimillénaire, mais nous ne sommes pas tournés vers le passé, nous croyons à cette présence aujourd’hui et à cette présence pour l’avenir. Béatitude, nous savons les épreuves de vos fidèles, nos frères, je les rencontre souvent en Syrie, je me suis rendu plusieurs fois à Damas, à Homs, à Alep, en Irak. J’aurai la joie, je l’espère, de rencontrer monseigneur Moshe à Qaraqosh, ou à Mossoul.

Oui, nous sommes des témoins des souffrances de nos frères, nous sommes témoins de leurs angoisses, de leurs incertitudes, de leurs cris d’injustice, de leur incompréhension du sort qui leur a été réservé, de leur sentiment de trahison par leurs voisins, par leurs proches. Nous savons tout cela, nous étions présents lorsqu’ils ont été chassés de Mossoul et ont trouvé refuge dans la plaine de Ninive. Puis quelques jours après quand ils ont été chassés de Ninive et qu’ils se sont retrouvés sur les trottoirs dans la ville d’Erbil, sans toit. Nous savons tout cela, nous avons été comme l’ami de l’Époux, nous sommes dans la joie quand l’Époux est dans la joie et nous sommes dans les larmes quand l’Époux vit l’épreuve. Nous n’avons peut-être pas d’autre ambition que d’être l’ami qui pleure quand vous êtes dans la souffrance, dans l’épreuve. Mais vous savez aussi Béatitude les efforts que nous essayons de mener dans des conditions complexes pour la construction de maisons, d’écoles, d’églises pour les réfugiés déplacés, mais aussi l’effort de reconstruction que nous entreprenons maintenant dans la plaine de Ninive.

Nous voyons avec joie, notamment à Qaraqosh un certain nombre de fidèles revenir.

Je me rendrai aussi dans la ville de Mossoul où la situation est beaucoup plus compliquée. Nous savons aussi le souci que vous portez Béatitude, de la diaspora syriaque dans le monde entier. On sent que cette diaspora si elle parvient à s’organiser, à rester solidaire de l’Église mère dont elle est la source, peut être une richesse, un soutient, une force pour l’ensemble de l’Église syriaque. Cette diaspora ne restera authentiquement syriaque que si l’Église syriaque peut rester chez elle, sur la terre qui est la sienne. Nous en avons l’espérance et nous voulons y travailler.

Cet atelier pour les documents anciens que vous avez bien voulu Béatitude, accueillir dans les locaux du patriarcat n’est pas simplement un souci des racines. Vous avez peut-être vu que le président de la République française, lundi, lorsqu’il est venu rencontrer les responsables de l’Église de France a dit que pour lui il était évident que la France avait des racines chrétiennes, je croyais que c’était un débat dans mon pays, mais en effet c’est une évidence. Pour lui, le problème n’était pas simplement celui des racines qui peuvent être mortes, en réalité c’est celui de la sève vivante qui irrigue l’arbre tout entier.

 

Mgr Pascal Gollnisch, et Mgr Ignace Youssef VIII Younan

 

Nous sommes convaincus que cet atelier, ce souci de l’histoire, des documents, des monuments scripturaires de l’Église syriaque, participe à la sève aujourd’hui, vivante, qui peut irriguer l’arbre tout entier, non seulement de l’Église syriaque mais de l’Église catholique tout entière, et je dirai même de la civilisation, en particulier du Proche-Orient.

Nous sommes aussi conscients que cette action devrait permettre une véritable dimension œcuménique et qu’elle sera grâce à votre décision Béatitude, au service de toutes les Églises.

Vous me permettrez de saluer l’action du professeur Desreumaux et de tout le centre d’étude syriaque, vous devez savoir qu’il y a un centre d’étude syriaque à Paris. Je me permets également de souligner le travail de la Bibliothèque nationale, du Sénat français qui a contribué à la construction et l’équipement de ce centre. En particulier le sénateur Vial, qui a donné beaucoup de sa personne pour la réussite de cette action. Bien sûr je voudrai, vous me pardonnerez, saluer mes collaborateurs de l’Œuvre d’Orient, en particulier Vincent Gelot et son épouse Caroline qui travaille beaucoup dans ce centre. Charles Personnaz, qui est un jeune collaborateur de l’Œuvre et qui nous aide beaucoup dans les questions culturelles. Bien sûr je voudrai aussi saluer le travail du père Dergham que vous avez nommé pour ce souci de patrimoine culturel, et qui nous accueille en votre nom dans ce centre.

Cette action me parait belle, me parait forte. Elle semble correspondre à des besoins aujourd’hui. Elle est en quelque sorte une contre action par rapport à ceux qui ont voulu s’attaquer à la culture des chrétiens d’Orient, mais nous sommes conscients qu’elle ne suffit pas. Nous savons sans vouloir ternir la joie de cette fête, que nous entendons des bruits de conflits. Nous savons que les États-Unis voudraient envoyer des missiles pour la Syrie et malheureusement le gouvernement français semble t-il est prêt à s’y associer. J’espère que cela n’aura pas lieu mais que ce soit clair pour tous que l’Œuvre d’Orient condamnerait ces actions si par malheur elles se produisaient. Ce n’est pas cela le chemin de la paix que nous voulons pour vos fidèles.

 

Merci Béatitude.