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EGYPTE : de passage à Paris, S.B Ibrahim Isaac Sidrak, patriarche copte catholique, se veut confiant

C’est pour « tranquilliser un peu l’Occident » que le nouveau patriarche copte catholique a saisi l’occasion d’une visite en France pour s’adresser mercredi 25 septembre à la presse, au siège parisien de l’Œuvre d’Orient. Connu pour sa modération, Ibrahim Isaac Sidrak, 58 ans, a tenu d’emblée à s’exprimer « en tant que simple citoyen égyptien », soucieux de manifester l’engagement des coptes dans le processus démocratique en cours, en dépit des violences dont les chrétiens ont été victimes au mois d’août.

À la suite de la destitution du président Morsi, plus de 80 églises et bâtiments sociaux avaient été saccagés ou incendiés par des islamistes, en représailles au soutien supposé des coptes au renversement du gouvernement.

La politique des Frères musulmans a cherché à systématiser l’hostilité entre coptes et musulmans

« Aujourd’hui, la situation s’est améliorée », assure le patriarche Sidrak, qui reconnaît toutefois une forme de fébrilité parmi les copte-catholiques, en particulier en ces temps de rentrée scolaire : moins nombreuse que l’Église copte-orthodoxe, la communauté dont ce patriarche uni à Rome a la charge (250 000 à 300 000 fidèles) est en effet très présente dans les domaines de la santé et de l’éducation.

Cette présence dans la société leur vaut d’être en prise directe avec la majorité musulmane d’Égypte, d’où cette perception très nette d’une détérioration du climat sous l’ère Morsi : « Il y a toujours eu des difficultés entre coptes et musulmans, reconnaît Ibrahim Sidrak, mais c’était davantage par ignorance, par manque d’éducation ».

La politique des Frères musulmans a cherché à systématiser cette hostilité. Si les chrétiens ont évité le piège de la radicalisation, c’est parce qu’ils ont compris que cette attitude n’était pas d’abord antichrétienne mais une offense « à l’Égypte ». Un sentiment partagé par de nombreux musulmans modérés ; beaucoup ont cherché à protéger les églises et les écoles au plus fort de la tourmente.

La référence à l’islam dans la constitution n’est pas forcément synonyme d’impasse démocratique

Aux yeux du patriarche, l’éviction des Frères musulmans était inéluctable. Elle atteste du refus durable de « l’islam politique » en Égypte. Et ce sursaut rompt le soupçon d’indifférence qui a longtemps pesé sur le peuple : « Depuis deux ans, développe Ibrahim Sidrak, nous constatons que les Égyptiens veulent une patrie ouverte et civile, qui accueille l’autre, jusque dans sa différence, où la femme ait sa place. »

Évoquant la future constitution, dont le projet pourrait être finalisé avant fin novembre, le patriarche Sidrak indique que la référence à l’islam n’est pas forcément synonyme d’impasse démocratique.

Le « comité des 50 », chargé de plancher sur ce texte, a notamment rejeté l’exigence des deux représentants islamistes qui voulaient voir l’expression « principes de la charia » remplacée par « la charia » comme source principale de la législation. « On n’arrive pas d’un jour à l’autre à ce à quoi on aspire », fait savoir ce réaliste, qui assure percevoir chez la majorité du peuple égyptien le désir d’un « islam simple », qui laisse aux minorités toute leur place dans la société.

Source : La Croix