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Irak : On découvre le Droit à la Vie et à la Liberté lorsqu'on le perd

De passage à l’Œuvre d’Orient, Mgr Casmoussa a répondu à nos questions :

1. Œuvre d’Orient : Comment se porte le diocèse de Mossoul ?

Mgr Casmoussa : C’est le plus important diocèse syriaque (et le plus grand d’Irak) en terme de fidèles, de catéchèses, et de vocations (religieux, religieuses, prêtres) : Il y a 25 prêtres en exercice sur place, 8 qui continuent leurs études à Rome et 17 autres qui exercent dans d’autres diocèses. Nous avons 18 séminaristes, qui sont formés à Rome, au Liban et en Irak.

2. OO : Quelle est la situation dans la ville ?

Mgr C : Habitant à Qaraqosh, je me rends toutes les semaines à Mossoul pour donner des cours bibliques. La situation s’améliore lentement. On a pu célébrer la messe de Pâques.

Mais les séquelles de la guerre restent très présentes, il y a des contrôles routiers à chaque coin de rues.

On ne se sentira en paix que lorsque les policiers seront rentrés chez eux, et qu’on retirera les murs de bétons qui servent de barrage !

Je ne m’y sens pas en sécurité. Mes paroissiens me disent : « Mgr mettez-vous en civil », mais mon visage est connu par les gens qui me veulent du bien comme par ceux qui me veulent du mal !

Et puis ils s’en prennent également aux musulmans.

 

3. OO : Depuis l’attentat en mai 2010 du bus contenant des étudiants, est ce que l’université a repris ?

Mgr C : Non, pas vraiment, il y avait 1 000 étudiants à Mossoul en 2010 : 200 sont partis à Bagdad, 200 autres au Kurdistan où ils ont repris leurs études avec une année de retard. Il en reste 600 qui trainent de cafés en café en dépensant de l’argent qu’ils n’ont pas. Nous avons des problèmes de délinquance.

 

4. OO : Effectivement, les jeunes irakiens rencontrés à Lourdes nous ont frappées par leur niveau d’étude mais surtout par leur absence d’espoir

Mgr C : Ou, le droit à la Vie et à la Liberté, est quelque chose qu’on ne sent pas lorsqu’on l’a. On le découvre lorsque l’on perd !

5. OO : Qu’est-ce que le synode du Moyen orient a changé pour vous ?

Mgr C : On attend toujours l’exhortation apostolique qui est la pièce officielle du synode.

Mais les bénéfices sont déjà importants : on s’est senti vraiment soutenu par l’Eglise Universelle.

On a compris qu’il fallait se mettre à travailler ensemble : on n’est pas assez nombreux pour avoir le luxe d’être indépendant les uns des autres.

Depuis le synode, un groupe d’évêques des différentes églises a été créé et se retrouve régulièrement. Mgr Nona en est le nouveau coordinateur.

Les choses commencent à changer. Sur place on ne voit pas encore le changement, mais en prenant du recul si, il ne faut pas lâcher !

 

6. OO : Comment peut-on vous aider ?

Mgr C : Nous avons une radio à travers l’Irak qui s’appelle La voix de la Paix à laquelle je tiens beaucoup. C’est un canal d’information extraordinaire pour la communauté chrétienne : Elle aide à la formation des catéchistes, est très appréciée par les familles et incite les jeunes à rester sur place. C’est une assurance que les fidèles se sentent bien dans leur pays. Le donateur irakien qui la finançait à 100% a diminué son soutien de moitié. J’ai assuré aux 12 employés que la radio continuerait à fonctionner. Pour pallier au manque de ressources, il me manque désormais 1 700€ par mois.

 


 

Mgr Casmoussa est l’ancien Evêque Syriaque Catholique de Mossoul. L’OEuvre d’Orient soutient ses projets depuis de nombreuses années. Actuellement, nommé vicaire Patriarcal auprès du Patriarche à Beyrouth, il assure la transmission avec son successeur et ancien vicaire, MgrMoshé et veille au bon fonctionnement de son Eglise.