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Irak : "Je pense qu’un jour les chrétiens pourront revenir à Mossoul

Ce qui me frappe c’est de sentir les populations dans la désespérance de rentrer chez eux. Pour eux c’est terminé c’est fini. Bien sûr dans le ministère que j’exerce, je rencontre souvent des populations qui sont déplacés réfugiés, qui n’ont plus rien. Ça on peut aider, on peut agir : des structures publiques nationales ou internationales, des structures privées agissent pour venir en aide aux gens qui sont dans le dénuement.

Mais la désespérance c’est très difficile.

Mais moi je voudrai leur dire ne considérez pas comme un point acquis que Mossoul, qui est votre ville vous est définitivement fermée. L’Histoire est toujours plus complexe que ce que l’on croit. Qui aurait pensé que l’Union Soviétique s’écroule et que chaque pays retrouve sa liberté comme ça c’est fait ? Je pense qu’un jour les chrétiens pourront revenir à Mossoul. Il ne faut pas qu’ils soient désespérés de cela, il faut qu’ils prennent date avec l’Histoire. Voilà ce que j’aimerais aussi leur dire.

RCF : Et concernant l’émigration et l’exil ?

Il ne vous aura pas échappé que le Patriarche, les évêques, ne sont pas père de famille. Nous pouvons dire, nous allons rester seulement eux ils ont des enfants et des épouses, c’est plus difficile.

Quel avenir il y aurait pour les 450 000 chaldéens à venir en France ?

On ne peut pas résoudre un problème en favorisant cet exode. Ça veut dire que nous aussi nous fonctionnons comme le Califat islamique en disant nous allons vider l’Irak de ses chrétiens. Le problème est d’ordre moral il est d’ordre éthique. Est-ce que nous aussi nous allons coopérer pour faire partir les chrétiens d’Irak

A qui profite le crime que nous pourrions commettre ? La seule solution pour maintenir l’équilibre des civilisations, parce que c’est l’enjeu aussi pour l’Europe : si les chrétiens quittent l’Irak, il y aura des guerres nationalistes au Moyen orient et cela se répercutera sur l‘Europe. C’est l’équilibre des civilisations qui est en jeu dans le maintien des chrétiens en Irak. Nous devons mesurer ce qui est en cause, ce n’est pas simplement de les envoyer dans une réserve d’indiens en disant comme cela le problème sera résolu. C’est l’équilibre méditerranéen qui est en question. Comment penser qu’il y aura de manière pérenne un déploiement de l’Islam en Europe et une épuration des chrétiens dans le sud de la Méditerranée. Vous croyez vraiment que cela pourra se faire tranquillement, paisiblement, posément ? Je crois que nous devons tous y réfléchir.

RCF : Il est impressionnant de voir SB Louis Raphael Sako être au plus près de ses fidèles. Il écoute les requêtes les doléances, les critiques. Il répond. Cela vous impressionne ?

C’est très impressionnant, c’est du à la personnalité très riche, très attachante du patriarche Sako, mais c’est aussi une pratique dans ces Églises d’Orient qui ont encore une forte dimension presque familiale.

L’autorité, le pouvoir dans ces Églises, ce n’est pas le Patriarche, c’est le synode, le Patriarche est un peu le père de famille. On lui parle comme on lui parle à un pèse. C’est très impressionnant dans les lieux où nous allons de le voir donner la parole à chacun pour qu’ils puissent dire ses doléances. C’est une forme de respect de ses laïcs

Écoutez l’interview de RCF au micro de Benjamin Rosier

Notre dossier spécial délégation des évêques en Irak