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Irak : le patriarche syriaque catholique, S.B. Younan, auprès du peuple irakien à Qaraqosh

Nous avons été accueillis hier (Le patriarche Younan, Mgr Casmoussa) à l’aéroport d’Erbil par le Ministère de l’Intérieur du Kurdistan accompagné du ministère chrétiens des Transports.

Nous avons été des hôtes officiels du Gouvernements du Kurdistan. Tout de suite, de l’aéroport nous nous sommes dirigés vers les réfugiés qaraqoshiens logés dans des écoles, des clubs ou des salles publiques. Une situation humainement déplorable.

C’est vrai que Mgr Warda évêque d’Erbil et ses collaborateurs déploient des efforts considérables pour venir à leur aide.

Mais leur nombre, leurs besoins sont aussi considérables. Deux bébés sont nés dans ces salles d’accueil, parfois sans ventilateurs (42 degrés), air pollué, manqué d’eau…

Familles entassées, jeunes désœuvrés, enfants perdus dans magasins humains. De toute façon ce sont des familles croyantes et paisibles qui applaudissaient ou hululaient à l’entrée du patriarche qui les réconfortait avec des mots d’Espérance.

Ce matin le patriarche, l’évêque syro-catholique de Bagdad et Mgr Casmoussa ont célébré la messe dominicale (Festivité des deux Apôtres Pierre et Paul) à la cathédrale chaldéenne de Ainkawa en présence de son archevêque Mgr Bashar Waeda.

C’était très sympathique et émouvant. Y assistaient les prêtres chaldéens. Nos séminaristes, les religieuses dominicaines, les petites Sœurs… et un grand nombre de fidèles.

Après la messe nous nous sommes rendus à Bartelli à l’église où nous attendait la population chrétienne de la petite ville syriaque avec leurs prêtres catholiques et orthodoxies. Ensuite le patriarche a visité la grande salle paroissiale de venue dortoir collectif pour les réfugiés.

A midi nous étions à Qaraqosh… la grande église accueillait son patriarche ému … Elle se remplissait difficilement. Moi-même très ému, comme si je retrouvais mon église après un cataclysme … je me suis agenouillé à la première marche de l’autel et j’ai embrassé son sol sacré !

Mais le grand rassemblement… extra ordinaire fût celui du soir… à la messe que célébrait le patriarche, à ses côtés Mgr Petros Mouche évêque du Lieu, Mgr Abba évêque de Bagdad et moi-même… Une foule immense avait envahi l’église comme pour les grandes fêtes.

Vraiment une surprise…

Car, effectivement, beaucoup de familles sont rentrées depuis hier. Elles continuent de retourner à leurs maisons. Demain, nous continuerons notre randonnée jusqu’à Alqosh et Duhok. Les qaraqoshiens se sont éparpillés dans tous les coins du Kurdistan et de la plaine de Ninive.

Oh! ne reverrais-je plus Bakhdede ?

Quand j’avais entendu la nouvelle de sa désertion par ses habitants, de Londres où j’étais la semaine dernière, je me disais en moi-même: « Je n’ai plus de patrie » !

Heureusement que la vie a repris à Qaraqosh. Alors la situation:

  • Les peshmargas kurdes (plus de 1500 soldats armes et bien dresses) gardent et défendant Qaraqosh. Ils tiennent à ne plus lâcher la ville et la région.
  • Ce qui était « disputé » a l’air de devenir acquis.
  • L’épisode n’est pas tout à fait clos. C’est la première fois dans l’histoire qu’il y a une telle émigration massive de Qaraqosh.
  • Pour le 3e jour pas de bombardement sur Qaraqosh. Si la paix continue, les gens vont continuer de rentrer.
  • L’infrastructure laisse encore à désirer : eau, électricité. On commence à utiliser l’eau des puits artésiens et à creuser de nouveaux.

L’atmosphère reste tendue et chauffée, surtout que Mossoul n’est très loin.

Aujourd’hui il y eut des bombardements par l’aviation de Bagdad. Quelques chrétiens étaient rentrés à Mossoul. Mais certains y sont bloqués : deux religieuses chaldéennes avec deux de leurs orphelines ont été kidnappées à Mossoul. Depuis hier. Pas de nouvelles.

Le drame continue.
Espérons, Prions.
L’humanité serait-elle en trains de se désagréger?

+ B. Georges Casmoussa, Archevêque émérite syro-catholique de Mossoul, visiteur apostolique pour les fidèles syro-catholique résidant en Europe occidentale