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KTO : Retransmission Église du Monde : L'espoir soulevé par le Voyage du pape

Interview d’Antoine Fleyfel sur KTO

Pourquoi le pape a-t-il choisi le Liban pour remettre l’exhortation apostolique après le Synode pour le Moyen Orient de 2010 ?

Parmi les pays du Proche-Orient, le Liban fut toujours l’objet d’une attention particulière du Saint-Siège en raison de plusieurs facteurs. L’un des plus importants est géopolitique et religieux, puisque c’est le seul pays de la région à avoir (obligatoirement) comme chef d’État un catholique, et où les chrétiens gouvernent à parité avec les musulmans. En outre, fortes de leur démographie, pluralisme, institutions et dynamisme, les communautés chrétiennes libanaises jouent un rôle central pour les chrétiens d’Orient qui considèrent le Liban comme un appui et un refuge. Remettre l’Exhortation apostolique dans le Pays du cèdre confirme l’engagement ininterrompu du Saint Siège et encourage les communautés dans leur témoignage sur le sol arabe.

Comment les communautés locales se préparent-elles à accueillir Benoît XVI ?

Les préparatifs s’effectuent à plusieurs niveaux. Pastoralement, prières, rencontres et groupes de réflexions s’organisent. Les moyens de communication de l’Église préparent chacune à sa manière cet événement : les médias à travers des programmes spécifiques et des annonces, les revues ou bulletins à travers des articles ou des informations. Quant à la logistique, une multitude d’équipes s’y consacre, puisqu’il s’agit d’organiser les liturgies, les rencontres, les déplacements, l’accueil des journalistes, etc. Tout cela concernera probablement plus d’un million de personnes. N°258 septembre 2012 5

Ajoutons enfin les préparatifs psychologiques, puisque beaucoup s’attendent à ce que le Saint-Père apporte un message de paix et de soutien dans un contexte et une période très tourmentés.

Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les chrétiens de la région à travers les tensions actuelles ?

La plupart de ces difficultés sont anciennes, mais elles sont aggravées par la situation actuelle. Primo, l’émigration qui s’accélère ces dernières années et qui a des conséquences sérieuses et graves sur la démographie chrétienne dans plusieurs régions. Secundo, la situation économique et sécuritaire (principalement l’Irak) ne les encourage guère mais les pousse au repli ou à l’exode. Tertio, la montée de l’islamisme qui remplace une longue tradition de convivialité islamo-chrétienne arabe. Les chrétiens ne le tolèrent guère et préfèrent partir lorsqu’ils le peuvent. Quarto, dans certains pays du Proche-Orient, les garanties politiques données aux chrétiens ne sont pas à la hauteur de leurs attentes et ne favorisent pas leur épanouissement.

La coexistence est malmenée par les conflits ; comment le pape et les chrétiens eux-mêmes peuvent-ils contribuer à un nouvel équilibre entre les différentes communautés ?

En continuant à insister sur l’édification d’une société plurielle, fondée sur la citoyenneté, la justice, le dialogue et l’acceptation de l’autre tel qu’il est. Un grand nombre de communautés chrétiennes de l’Orient arabe est surtout engagé pour promouvoir le dialogue interreligieux qui serait un antidote à la violence et à l’extrémisme. À cet effet, beaucoup d’institutions universitaires, ecclésiales et sociales œuvrent pour la convivialité et réussissent souvent à détruire les barrières de l’ignorance et de la haine. Ainsi, l’une des contributions majeures du voyage du pape est de rappeler ce défi que beaucoup de chrétiens d’Orient ont choisi de relever. La paix dans le Proche-Orient ne sera jamais possible sans cette dimension profondément humaine et politique.

Propos recueillis par Benoît Chérel pour KTO


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