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En Égypte, la Famille se goûte à Noël

Chers amis,

Dans quelques jours se refermera l’année 2013, l’année de la foi dont la pratique varie selon les lieux et les cultures.

En Occident, la foi est une affaire privée et souvent compliquée. De nuits en paris, d’oublis en réminiscences, elle multiplie les détours. Ces intermittences de l’âme sont-elles le miel amer de l’esprit des Lumières, de l’individualisme et du consumérisme ? Sont-elles, de l’éclatement des foyers, ces petites églises domestiques, l’ultime conséquence ?

Car la famille, qui éveille ce qui dort en chaque enfant, est le premier et le plus tendre berceau de la foi.

La famille se goûte à Noël tout particulièrement, autour de la table dressée où se mange et se boit l’amour partagé ; elle prend tout son sens devant la crèche où repose l’Emmanuel, l’Enfant Dieu qui, d’un homme et d’une femme, son père et sa mère de la terre, reçut sa part d’humanité.

Selon certains, la foi et la famille, ces deux F étroitement enlacés dans nos cœurs, appartiendraient à un monde révolu. Comment se fait-il alors que, la nuit de Noël, ceux qui se veulent affranchis de toute croyance, de tout attachement, aient souvent les yeux tristes ? De quelle vérité brouillée éprouvent-ils la soudaine et lancinante nostalgie ?

Dans un pays qui renoncerait à la foi de ses pères, comme sur une page blanche, l’histoire du Christ serait à réécrire. Pour conjurer cette sombre perspective, les paroisses inventent les nouveaux chemins de la mission et partent annoncer, hors les murs de leurs églises, la Bonne Nouvelle.

Si l’Occident est tenté parfois d’effacer Dieu de sa mémoire, l’Orient se révèle plus constant. En ces terres où la religion fait partie intégrante de votre identité, où elle vous définit au même titre que votre patronyme ou votre nationalité, la foi va de soi. Portée par la communauté, elle a une dimension sociale tout autant que spirituelle et se transmet de générations en générations, malgré les aléas de l’histoire, comme le plus précieux des héritages.

Ces derniers temps la communauté copte a beaucoup souffert, victime des actes de terrorisme qui visent la patrie. Elle s’est cependant interdit de répondre aux provocations, de céder à la violence. Lorsque des églises ont été incendiées, les chrétiens n’ont pas crié vengeance, bien au contraire. Au milieu des ruines et des bois calcinés,  ils ont prié pour la réconciliation et offert leurs autels en sacrifice pour que vive l’Égypte.

Le feu, qui a détruit les sanctuaires de pierre, a purifié les cœurs et fortifié la foi. Miracle de celle-ci, les épreuves traversées n’entament pas l’espérance de la communauté qui, enfouie dans la société comme le levain dans la pâte, porte témoignage du Christ miséricordieux.

Les hommes cultivent ainsi la foi à la mode de chez eux, à la mode des terres sur lesquelles les a fait naître le Seigneur. Mais, qu’elle s’inscrive dans la continuité de la transmission, qu’elle ait l’élan ébloui de la conversion ou qu’elle renaisse après un long hiver, elle est toujours un don de Dieu ; elle est l’étoile qui éclaire la nuit noire de nos errements et qui, d’Orient ou d’Occident, nous conduit au Très-Petit, au Très- Humble, à l’Enfant de Bethléem.

Dans la communion de la foi partagée, je vous souhaite, chers amis, un très joyeux Noël et une sainte année 2014.

 عيد ميلاد مجيد وسنة ميلادية جديدة

 

Mgr Michel Chafik

 Recteur de la Mission copte catholique de Paris