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« La force du pape, c’est sa faiblesse » par Mgr Pascal Gollnisch

Quel est, selon vous, le principal enjeu du voyage du pape François en Terre sainte ?

Pascal Gollnisch : Ce voyage est d’abord un pèlerinage. Le pape François se présente d’abord comme un croyant qui vient à la rencontre de Dieu sur une terre particulière, source et ressource spirituelle pour les trois grands monothéismes, juif, chrétien et musulman. Cette dimension de pèlerinage englobe et remet à leur juste place tous les autres aspects de ce voyage – l’œcuménisme, l’interreligieux, le politique – en rappelant que la Terre Sainte, et singulièrement Jérusalem, est un lieu unique et universel, qui appartient à tous. Le pape François veut enraciner son pontificat dans cette origine qui n’est pas géographique mais théologique.

 

Le contexte au Moyen Orient complique ce voyage. Quels sont les atouts du pape François pour l’affronter ?

P. G. : Son principal atout est de se présenter dans sa faiblesse. Son appel constant à une Eglise pauvre au service des pauvres lui donne un rayonnement spécial. C’est cette pauvreté et cette simplicité qu’il revendique qui lui donne la liberté. Son message ne passe pas par la force.

 

Prendra-t-il le risque d’une parole prophétique quitte à mécontenter les uns ou les autres ?

P. G. : La difficulté est d’apporter un message de paix et de réconciliation dans une région minée par les violences et les tensions. Mais le pape François a déjà montré qu’on pouvait être évangélique et politiquement intelligent ! Il ne s’agit pas d’agresser ses hôtes mais de rappeler les valeurs fondamentales – le respect du droit, la dignité des gens – et de mettre chacun devant ses responsabilités. Si coup d’éclat il doit y avoir, ce ne sera pas contre mais pour.

 

Le pape vient aussi à la rencontre des chrétiens orientaux. Quelle est leur situation ?

P. G. : Les Arabes chrétiens vivent les mêmes difficultés économiques ou de statut que les musulmans. Beaucoup sont réfugiés, connaissent le chômage et l’humiliation et souhaitent quitter la région. Endiguer l’hémorragie démographique que provoque l’exil reste un grand défi pour ces communautés. L’autre tension vient de leur situation de minorité. La venue du pape devrait les conforter dans leur foi et une identité qui est celle du service à la société et non du repli sur soi.

 

Que peut-on faire pour les aider ?

P. G. : Soutenir, comme le fait l’Œuvre d’Orient, les congrégations religieuses engagées dans les domaines de l’éducation ou de la santé. Je pense, par exemple, au foyer d’Haïfa fondé par les Filles de la Charité qui accueille des enfants handicapés juifs, chrétiens et musulmans. Mais aussi apprendre à connaître l’histoire de ces communautés qui existent depuis la Pentecôte. En allant en Terre Sainte… ou en les rencontrant en France où elles sont présentes depuis de longues années.

Recueilli par Antoine d’Abbundo pour Pelerin