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Le pape François rencontrera la communauté assyro-chaldéenne de Géorgie

Source La Croix

Le premier jour de son voyage en Géorgie et en Azerbaidjan (du vendredi 30 septembre au dimanche 2 octobre), le pape François doit rencontrer la communauté locale assyro-chaldéenne à Tbilisi, capitale de la Géorgie, en son église Mar Shimoun (saint Simon) Bar Sabba’e (328-341), laquelle porte le nom d’un ancien Catholicos-Patriarche de l’Église d’Orient « nestorienne ».

Une communauté méconnue

Mais qui sait qu’il existe au Caucase des Assyro-Chaldéens ? Qui sait que ces Assyro-Chaldéens, des chrétiens, adeptes naguère de l’Église d’Orient, dite nestorienne, connus par les Russes et les populations locales sous le nom commun de Aïssor ou Assori (Assyriens), parlent encore aujourd’hui l’araméen (ou syriaque), la langue du Christ, dans ces régions caucasiennes si attractives ? D’habitude, quand on parle des Assyro-Chaldéens, on pense tout naturellement à l’Irak, à la Turquie, à l’Iran, à la Syrie, au Liban et à la diaspora. Mais leur trajectoire russe et caucasienne (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Caucase du Nord) est largement méconnue et leurs liens avec les Églises russe, géorgienne et arménienne encore moins. Le voyage du pape François dans cette région permettra de les sortir de l’oubli et d’attirer l’attention sur leur sort.

Cette communauté est arrivée en plusieurs vagues. Les premières migrations datent de 1770, d’autres de 1828 ; lors du génocide de 1915, ils furent nombreux à fuir les persécutions des troupes ottomanes, venant du nord-ouest de l’Iran et du sud-est de la Turquie. Leur établissement au Caucase fut tributaire de l’expansion et des conquêtes territoriales russes dès le XVIIIe siècle et des troubles frontaliers russo-turco-persans qui s’en suivirent. Cette histoire fut constamment rythmée de privations, de souffrances et d’exode de la Turquie ottomane et de l’Azerbaïdjan persan. D’ailleurs, ces douloureux événements sont fortement présents dans leur mémoire.

Une histoire mouvementée

Les Assyro-Chaldéens ont connu successivement la Russie tsariste, un Caucase sous domination russe, l’Union Soviétique et les indépendances caucasiennes depuis 1990.

À partir de 1921, avec le bolchevisme, les églises sont progressivement fermées et les libertés réprimées. Durant la terreur stalinienne, ils subissent une répression féroce et un certain nombre d’entre eux sont déportés en Sibérie et au Kazakhstan.

Aujourd’hui, avec les indépendances caucasiennes et la nouvelle Russie, ils sont heureux de retrouver la liberté, renouent les contacts avec leurs compatriotes en diaspora et apprennent à espérer.

Estimés à 7000 membres, ils sont présents principalement à Tbilisi, à Gardabani et Dzeveli Kanda, partagés entre l’Église chaldéenne catholique et l’Église assyrienne d’Orient. Dzveli Kanda, possède trois petites églises construites au fur et à mesure de leur arrivée. À Gardabani, adeptes de l’Église assyrienne, ils ont réussi à transmettre leur langue à leurs enfants. Une ancienne petite chapelle, Mar Oraham, témoigne de leur foi.

Après des décennies de rupture (1920-1980), abandonnés et sans pasteurs, les contacts se sont progressivement renoués avec l’Église d’Orient dans ses branches assyrienne et chaldéenne, à partir de 1982.

La renaissance de l’Église chaldéenne catholique

Pour ce qui est de l’Église chaldéenne catholique, son retour au Caucase a débuté en 1996 avec l’envoi à Tbilisi d’un jeune prêtre originaire d’Ourmiah (au nord-ouest de l’Iran), ordonné aux États-Unis en septembre 1994. Dès son arrivée, le P. Benyamin Bet Yadegar s’est consacré à servir la communauté sans distinction entre catholiques et non catholiques. Et le 17 octobre 2009, le patriarche de l’Église chaldéenne, le cardinal Emmanuel III Delly venu spécialement de Bagdad, a consacré la nouvelle église dont l’architecture babylonienne rappelle le pays, la Mésopotamie.

Le lendemain de la consécration, le P. Bet Yadegar, a été promu Chorévêque de l’Eglise assyro-chaldéenne de Géorgie. On assista le jour même au premier baptême et à la première communion de 22 garçons et filles. Depuis, grâce au dynamisme du P. Bet Yadegar, l’église est une réelle fourmilière. Il a travaillé à la publication en trois langues (araméen, géorgien et russe) du Missel chaldéen (1998) qui contient l’Anaphore de Mar Addaï et Mari, ainsi que de différents manuels d’enseignement pour débutants en langue araméenne.

L’ardeur que le voyage du pape insufflera, aidera cette communauté à retrouver de la vigueur et à se maintenir sur des terres où elle est ancrée depuis 250 ans, en conservant sa langue maternelle, sa foi et sa liturgie, malgré les difficultés.