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Le patrimoine oriental catholique à Paris : Notre-Dame du Liban

Eglise Maronite

Histoire

Le culte maronite fut autorisé en France par arrêté du 1e septembre 1892. En premier lieu, l’ancienne chapelle du Petit Luxembourg fut mise à la disposition de la communauté maronite en Ile-de-France. Jusqu’en 1915, les autorités françaises et le représentant du patriarche recherchèrent un lieu de culte adapté aux besoins de la communauté.

Dans le cadre de la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905, l’ancienne chapelle de l’école Sainte Geneviève des pères jésuites à Paris, construite à partir de 1856, fut affectée au culte maronite et inaugurée le 16 juillet 1915, sous le patronage de Notre-Dame du Liban. A proximité de cette dernière, le foyer franco-libanais est fondé en 1937 par le gouvernement français et le patriarcat.

Construite par le célèbre architecte Jules Astruc dans un style néogothique, l’église sera achevée en 1906 seulement.

 

– Chœur de l’église

 

Architecture et vitraux 

Le terrain de l’église Notre Dame du Liban à Paris est situé dans le périmètre de plusieurs monuments inscrits et classés (Collège des Irlandais, Lycée Henri IV, Panthéon). L’église est un « bâtiment protégé » construit sur une surface totale de 1282,24 mètre. Elle est le seul vestige de l’école fondée par les Jésuites en 1854. De style néo-gothique, elle mesure 44 mètres de longueur sur 21 mètres de hauteur sous voûte. Elle comprend une nef (12,20 mètres de large) de 6 travées*, bordée de chapelles latérales et d’un chœur à neuf pans*. L’actuel orgue est un exemplaire réalisé par la maison Tronchet au début du XXe siècle, celui d’origine ayant été emporté lors du départ des Jésuites.

Notre-Dame-du-Liban fut alors dotée d’une série de vitraux réalisée par le maître verrier Émile HIRSCH. Les verrières modernes ont été exécutées en 1994 par les maîtres verriers Christiane et Philippe ANDRIEUX et la rosace, inspirée de l’église libanaise Notre-Dame de Kannoubine, est l’œuvre de Marie-Jo et Yves GUEYEL. Au niveau des fenêtres hautes, pour les 13 verrières d’origine, chaque lancette* est illustrée d’un personnage grandeur nature. Quant aux verrières contemporaines elles ne représentent que 6 personnages.

Les vitraux contemporains comportent, outre la rosace Sud, 8 autres fenêtres latérales qui représentent trois saints (à l’Est : St Maroun, St Ephrem, St Charbel) et trois saintes (à l’Ouest : Ste Thècle, Ste Marina, Ste Rafka), tous de tradition maronite. Parmi les vitraux contemporains, nous citerons le cèdre du Liban et la nef de la ville de Paris.

 

L’Église Maronite

Les Maronites sont des catholiques orientaux de rite syriaque-occidental*, qui sont en communion avec le Saint-Siège de l’évêque de Rome, donc le pape. Le nom vient du saint éponyme, Maroun qui vécut à Brad en Syrie où les premières communautés maronites se sont formées au début du Ve siècle. Réfugiés dans la montagne libanaise au moment de l’invasion musulmane au VIIe siècle, les Maronites ont été constitués en Patriarcat en 685. Pendant la domination turque, mamelouke et ottomane, la communauté se réfugia dans la montagne libanaise, dont le monastère de la Kannoubine constitue l’un des foyers. Signifiant « couvent » en grec, cet ancien siège patriarcal (XV-XIXe siècle) installé dans la vallée sainte de la Kadicha, est un haut lieu du monachisme maronite.
À partir de la seconde moitié du XXe siècle, beaucoup de Maronites quittèrent progressivement leurs villages et s’installèrent dans les villes du Liban. Les effets de la sécularisation et de la mondialisation modifièrent progressivement leur mode de vie qui, de rural, devint moderne. Cependant, malgré ces changements, la composante érémitique et monastique originaire des disciples de Maroun reste l’identité de l’Église maronite.

 

Deux grandes figures maronites

 

Saint Maroun (diminutif de mar, « Seigneur » en araméen ou « saint » dans la tradition maronite) était un ermite syriaque qui vécut du IVe siècle au début du Ve siècle dans le Nord de la Syrie. Si sa date de naissance nous est inconnue, la tradition nous raconte qu’il mourut en 410 ou 412. Son mode de vie d’ermite et sa sainteté étaient d’une telle envergure qu’une communauté se rassembla autour de lui et suivit son exemple. Cela donna naissance au premier noyau de l’Église maronite qui se constitua par la suite en patriarcat, à la fin du VIIe siècle.

S’il ne fut pas le fondateur de l’Église qui porte son nom, il la marqua d’un cachet monastique qui façonna son identité. Depuis ses origines et jusqu’au XXe siècle, l’Église maronite vécut, d’abord dans les plaines fertiles de Syrie, mais aussi et surtout recluse dans les montagnes du Liban, en tant que grande communauté monastique. Sa spiritualité, sa liturgie*, son clergé et le mode de vie de ses croyants s’ancraient tous dans les principes du monachisme oriental.

Saint Charbel (1828-1898), né Youssef Antoun Makhlouf d’une famille maronite (ses deux oncles étaient ermites), est un prêtre et moine-ermite devenu saint patron du Liban. Pieux, aspirant à la vie érémitique, il entra à 23 ans au monastère de Maïfouk, puis à celui de St-Maroun d’Annaya au Mont-Liban où il intégra l’Ordre libanais maronite sous le nom de Charbel (l’un des premiers martyrs de l’Eglise d’Antioche du IIe siècle) et prononça ses vœux définitifs. Ordonné prêtre à Bkerké, siège des patriarches maronites, il passa 16 années d’ascèse à Annaya, avant de pousser davantage son expérience au petit ermitage des Saints-Pierre-et-Paul, non loin du monastère St Maroun. Là, il se consacra pleinement à son choix radical d’une vie de prière, de silence et de solitude, prodigua des conseils spirituels à ses visiteurs, avant de s’éteindre à 70 ans. Depuis sa mort, son tombeau n’a jamais cessé d’attirer des pèlerins toujours plus nombreux, chrétiens et non chrétiens, et il est réputé être un saint thaumaturge*. Il fut béatifié en 1965 et canonisé en 1977 par le pape Paul VI. Il est commémoré dans la liturgie de l’Église catholique le 24 décembre, jour de sa mort, et aussi dans le rite romain le 24 juillet. Les moines maronites auxquels fut confiée l’Abbaye de Bois-Seigneur-Isaac en Belgique, y ont introduit des reliques de saint Charbel. Il y a encore plusieurs saints et saintes, notamment Ste Rafqa.

 

– Sa Béatitude Bechara Boutros Rahi

 

Spiritualité et liturgie

Le rite maronite appartient au groupe des liturgies antiochiennes de type syriaque occidental, le plus fidèle au culte antiochien. Organisé autour du patriarcat d’Antioche, l’un des trois patriarcats de l’Église primitive, avec Rome et Alexandrie, il s’agit de la plus ancienne des cinq familles de rite existant (alexandrin, byzantin, syro-oriental ou chaldéen, et arménien). La prière eucharistique utilisée est celle dite de saint Jacques. Même si les Maronites célèbrent la messe principalement en arabe, le syriaque est la langue officielle pour les prières liturgiques. Leur rite est en vigueur dans les communautés du Liban rattachées à Rome (c’est à dire en communion avec l’Église Catholique romaine), et s’organise autour des monastères. La figure emblématique de cette communauté est Saint Charbel Makhlouf, saint patron du Liban. Le rite maronite est empreint de pratiques populaires, comme les bénédictions et les dévotions. L’Église maronite est une exception parmi les Églises orientales catholiques. Contrairement aux Églises d’Orient, dont l’histoire est marquée par des séparations et des réunifications avec l’Église romaine, l’Église maronite est toujours restée unie à Rome. C’est pourquoi le rite syriaque antiochien a été modernisé avec le concile Vatican II (1962-1965).

La communauté aujourd’hui 

Elle représente la plus grande communauté catholique au Proche-Orient et au Liban où siège l’Église maronite. Occupant une place importante dans l’histoire politique et économique nationale où ils sont bien ancrés, les maronites existent aussi en communautés en Syrie, à Chypre et en Turquie…

Élu en 2011, Sa Béatitude Bechara Boutros Rahi est le 77e patriarche* depuis l’arrivée des premiers disciples de saint Maroun. Les patriarches maronites portent toujours le nom « Boutros » en second prénom, en référence à Pierre, fondateur de l’Église d’Antioche.

Aujourd’hui le Liban comporte environ 42% de chrétiens dont environ 39% de maronites, soit 800 000 fidèles. Dans les années 1970, les chrétiens du Liban étaient majoritaires avec environ 57% de la population. À la suite de la guerre civile (1975-1990), un important exode des maronites et des autres chrétiens se fit vers d’autres pays. Aujourd’hui 80% de la diaspora libanaise est chrétienne, dont 70% des maronites, les 20% restant étant des musulmans, en général chiites.

Avec 23 diocèses et 2 vicariats, les maronites se trouvent surtout en Europe (1 million), en Amérique du Sud (7 millions), au Canada (1.5 million) et aux USA (1.5 million). La diaspora libanaise maronite est d’environ 10 millions, sur 12 millions de Libanais au total. En France, ils sont 80 000 depuis la fin du XIXe siècle. Plusieurs paroisses s’y sont constituées : à Paris, autour de l’église Notre-Dame-du-Mont-Liban (5e arrondissement), à Lyon, à Marseille, à Nice, à Monaco, à Cannes et à Montpellier. Enfin, il existe en France trois communautés religieuses : l’Ordre maronite, à Suresnes (Hauts-de-Seine), la communauté des Pères antonins de Lyon, et celle des Sœurs antonines, à Paris (6e arrondissement).

 

Glossaire (mots*)

Evêque : successeur des apôtres, il reçoit la charge de sanctifier, enseigner et gouverner en communion avec le pape et les autres membres du collège des évêques. Son territoire de juridiction est le diocèse.

Lancette : arc ogival de style Gothique de forme très allongée dans une baie

Liturgie : ensemble des règles codifiant le déroulement du culte

Médaillon : ornement d’architecture de forme ronde contenant une scène, une figure ou un portrait

Oculus : petite ouverture de forme circulaire ou proche du cercle, munie ou non d’un panneau vitré.

Pan : partie de mur, face ou paroi d’un ouvrage de maçonnerie entre deux piliers ou poteaux.

Patriarche : titre donné à partir du VIe siècle aux évêques* des cinq grands sièges anciens de la chrétienté (Rome, Antioche, Alexandrie, Constantinople et Jérusalem). Il a autorité sur l’ensemble des évêques d’un pays ou d’un territoire plus vaste. Les titres de Patriarche autres que celui de Rome confèrent à leur porteur l’appellation de Sa Béatitude.

Phylactère : banderole où sont inscrits des caractères

Rite syriaque-occidental : dit aussi « rite antiochien » (celui de l’Eglise apostolique d’Antioche), c’est un rite liturgique de langue syriaque (araméen) employé par plusieurs Eglises orthodoxes et catholiques orientales, dont l’Eglise maronite. Elle se distingue du rite syriaque-oriental, dit aussi rite « perse » ou « chaldéen ».

Thaumaturge : personnage dont les actions sont considérées comme miraculeuses.

Travée : portion d’une construction comprise entre deux points d’appui.

 


Infos pratiques

Adresse

17 rue d’Ulm, PARIS 75005

RER B Luxembourg

Contact et site internet

Fixe : 01.43.29.47.60

http://www.notredameduliban.org/

FB : paroisse notre Dame du Liban à Paris

info@notredameduliban.org

 

Bibliographie

Pierre Dib, Histoire des Maronites : L’église maronite du XVIe siècle à nos jours, Volume 3, Librairie Orientale, 2001.

Jean-Pierre Valognes, Vie et mort des Chrétiens d’Orient, Fayard, Paris, 1994