L'HEURE DU SILENCE ... Lettre de Syrie

 

LABYRINTHE D’UNE CRISE  :

La crise syrienne qui dure depuis le 15 Mars 2011 ne cesse de se transformer cumulant les analyses dans un labyrinthe  sans précédent.

La géo-politique ne propose plus de logiques à ce conflit qui a fait plus de 100.000 victimes et 200.000 disparus et un mouvement d’exode et de transfert de population qui touche 6 millions de réfugiés intérieurs, et 3 millions vers les pays voisins : Turquie, Liban, Irak, Jordanie, …

Presque 40% des syriens sont réfugiés ou exilés, le pays est soumis à une destruction et à une violence sans merci, qui a traversé trois phases :

a)     Mouvement populaire de « printemps arabe » en quête d’une démocratie et de libertés face à un régime musclé et fortifié (2011).

b)    Conflit armé entre l’opposition et le pouvoir, affrontement doublé d’un alignement de forces régionales et internationales qui bloquent l’ONU, le Conseil de Sécurité, banalisant toutes les médiations (2012).

c)     Entrée en force des groupes extrémistes qui brouillent la carte et la boussole et poussent la Syrie vers le grand CHAOS (2013).

Impossible d’imaginer l’avenir de ce pays, jadis paisible et terre d’accueil de tous les réfugiés du Proche-Orient.

Le plus dramatique reste l’absence de tout DIALOGUE depuis trois ans, l’angoisse et le désespoir qui habitent ce petit peuple impuissant et martyrisé …

L’AMERTUME D’UN EXODE

Les minorités chrétiennes de Syrie (5%), comme celles de tout le Proche-Orient, cherchent depuis plus de 180 ans la protection des puissances étrangères. Position qui les rend suspects aux yeux de leurs compatriotes.

Ainsi, dans les conflits du monde arabe, ces chrétiens observent une certaine neutralité : ils ne sont ni avec le pouvoir, ni avec l’opposition. Ils finissent par être rejetés des deux camps qui voudraient leur alignement.

En tout cas cette politique d’autruche n’a pas sauvé les deux évêques et les trois prêtres enlevés, ni els trois prêtres et les milliers de chrétiens tués ou kidnappés, ni freiné l’exode massif des jeunes et des familles.

 

S’ENGAGER OU SORTIR DE L’HISTOIRE ? Sommes-nous libres de choisir ?

D’ailleurs le Synode tenu à Rome en Octobre 2010 sur l’Eglise au Moyen-Orient cherchait à sortir ces chrétiens de leur conformisme pour les transformer en témoins actifs de l’Evangile au cœur d’un monde Judéo-Islamique … La violence a vite étouffé les fruits de ce Synode.

A noter l’amertume profonde de l’Eglise Arménienne (la plus importante à Alep) composée de rescapés de 1915. A peine installés en Syrie, ces arméniens doivent tout quitter pour partir en quête d’une nouvelle patrie. Le calvaire du peuple arménien n’a pas de fin …

JE NE VEUX PLUS JOUER

Ce conflit internationalisé prend la Syrie en terrain d’affrontement détruisant le monde du travail, l’enfance innocente, la famille tranquille, l’école paisible, le lieu de culte, l’abri des pauvres et le dispensaire des malades. Une cruelle tragédie sous le regard silencieux de tous. Un petit peuple qui porte une Croix si lourde à l’image de Jésus innocent et souffrant. « Simon de Cyrène » se fait attendre.

Devant ce drame, les paroles ne disent plus rien … L’heure du silence arrive … les regards silencieux, les larmes abondantes et les cœurs brisés forment un langage qui rejoint le Cœur Immaculé de Marie au pied de la Croix … Plusieurs chantiers d’agrandissement des cimetières sont en cours.

Une fillette de six ans jouait avec son frère à « cache-cache », un franc-tireur abat le petit …

Au cimetière la fillette creuse chaque jour de ses mains la tombe de son petit frère en criant :

SORS DE TA CACHETTE, JE NE VEUX PLUS JOUER …