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Liban : une cérémonie interreligieuse islamo-chrétienne « Ensemble autour de Marie »

Depuis 2010, au Liban, le 25 mars, fête de l’Annonciation, est un jour ferié, officiellement déclarée journée islamo-chrétienne autour de Marie.

Le Cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, a assisté en compagnie du recteur de la mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, à la cérémonie interreligieuse organisée au Collège Notre-Dame de Jamhour, à l’occasion de la fête de l’Annonciation dans les Églises chrétienne.

Il répond à une interview du quotidien libanais L’Orient le Jour

L’Orient le Jour : Un moment de prière interreligieuse et, en même temps, cette montée de l’extrémisme. On se demande où est le véritable islam ?
Réponse de Mgr Barbarin : Vous dites quel est le véritable islam. Mais ce n’est pas moi qui peux le savoir. Ce que, moi, je peux dire et faire, c’est l’écoute de l’autre, et aussi la dénonciation de ses excès… Et puis l’admiration mutuelle.
En France, on aime bien le mot de tolérance. Mais ça ne suffit pas. Pour progresser, je crois qu’il faut aussi de l’admiration mutuelle. Je connais depuis dix-neuf ans le recteur de la mosquée de Villeurbanne, près de Lyon, Azzedine Gaci. Bon, c’est un professeur de physique, sa femme est médecin, mais quand je l’écoute parler, je me demande comment ça se fait que je reste un chrétien médiocre. Parce que je l’admire, j’ai envie d’être vraiment, sérieusement chrétien. Nous voyons chez l’autre quelque chose qui suscite notre admiration, qui va nous donner envie de nous réveiller spirituellement.
Il n’y a pas longtemps, dans mon diocèse, j’apprends l’histoire de deux copains de classe. Un jeune Français et un jeune Marocain musulman. Le jour où Luc est entré dans la maison de formation de Paray-le-Monial, son ami a passé toute la journée dans la basilique de Fourvière. Ces choses-là arrivent.
Avec le recteur de la mosquée de Lyon, nous nous sommes rendus à Tibhirine, en Algérie (NDLR : monastère trappiste dont les sept moines furent enlevés et décapités en 1996 par le Groupe armé islamiste, durant la guerre civile algérienne). Nous étions un groupe de huit catholiques et huit musulmans. Nous sommes allés tout de suite sur la tombe des moines : nous y avons lu un passage du Coran et un autre de l’Évangile. Et puis, j’ai dit je vais aller célébrer la messe dans la chapelle des moines. Et vous les musulmans, vous restez ici. Dans 45 minutes, nous vous rejoignons. À ce moment-là, Gaci, qui était président du conseil régional du culte musulman, dit : « Non, nous allons tous à la messe. » Ils sont tous venus à la messe. On dira ce qu’on voudra, mais moi je trouve que c’est beau.
Au Vatican, actuellement, il y a une personnalité remarquable sur ce sujet, c’est le cardinal Jean-Louis Tauran. Il a l’avantage d’être très bien vu de tout le monde arabe. Cela permet de dire des choses. Ainsi, quand le roi d’Arabie saoudite (NDLR : le roi défunt Abdallah) est venu voir Benoît XVI, la rencontre s’est très bien passée. Le roi était enchanté. À un moment, il dit au pape : « Nous aimerions que la rencontre qui a eu lieu au Vatican entre responsables musulmans et chrétiens – le manifeste des 138 – ait lieu en Arabie saoudite. » Benoît XVI lui dit alors : « Très volontiers, la seule chose, c’est qu’il faut que les chrétiens, les évêques et les cardinaux qui se rendent en Arabie saoudite puissent célébrer la messe. » Et le roi lui dit : « C’est une évidence. » Mais rentré chez lui, il a vu que ce n’était pas possible.

http://www.lorientlejour.com/article/917440/le-cardinal-barbarin-pour-nous-cette-fete-est-une-merveille-.html