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L'Irak, vers une nouvelle étape : mettons-nous à travers le chemin de l'espoir

À Noël, les anges ont chanté : «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes» (Luc 2/14). C’est le titre d’un vrai projet à long terme, qui s’est incarné en Jésus-Christ, et qui doit s’incarner dans le cœur de tout être humain, pour que la paix règne dans le monde, qui est le seul espoir pour changer l’état d’anxiété et de peur que vivent les gens à cause des guerres, du terrorisme, de la détérioration de l’économie et de la course aux armements mortels.

1 – L’espoir des Irakiens

Après la déclaration de  la victoire sur l’organisation terroriste de DAESH, et la fin de son contrôle sur Mossoul et les autres villes irakiennes qu’elle occupait depuis Juin 2014, et la purification de tout le territoire de la patrie, l’espoir des Irakiens est que cette grande victoire soit un grand pas vers l’avant dans l’extension de la sécurité et de la stabilité, pour faire face aux conséquences qui ont affecté la situation générale. De même le retour des choses sur la bonne voie, consolider les fondements de la véritable citoyenneté et résoudre les questions en suspens d’une façon paisible, comme le « dossier du Kurdistan », et l’élimination de la corruption et du sectarisme endémiques, et entreprendre des réformes législatives, politiques, sociales, éducatives, et économiques d’une façon radicale, ainsi que la tenue des élections en leur temps.

Cet espoir va approfondir la confiance des Irakiens en l’avenir, il renforcera leur crédibilité dans l’État, et les unira – malgré la diversité des leurs appartenances – sous une seule ombrelle nationale, surtout si l’on reconstruit les villes libérées, ce qui permettra le retour des déplacés dans leurs foyers. C’est le défi et le pari pour parvenir à la nouvelle phase, conformément aux principes généraux de base.

 

  1. L’espoir des chrétiens

La libération des zones chrétiennes est un signe d’espoir pour les chrétiens, en dépit de l’émigration de près de la moitié de leur effectifs (qui était plus d’un million et demi avant 2003), en raison de la discrimination, l’intimidation, l’enlèvement et l’expulsion par Daesh de leurs maisons dans les villes de la plaine de Ninive. Par conséquent, l’État doit être comme une mère pour tous, travailler sérieusement à leur retour à leurs maisons et leurs biens, préserver leurs droits en tant que citoyens authentiques, en reconnaissant leur civilisation, leur culture et leur patrimoine, comme un élément essentiel de l’histoire de l’Irak, et faire face à toute manipulation démographique dans leurs zones géographiques et historiques.

Mais, de la part des chrétiens en particulier, ils devraient tirer les leçons du passé, et se débarrasser de la peur, du pessimisme et des intérêts personnels qui les divisent. Qu’ils  clarifient  leur vision sur l’avenir;  unissent leurs rangs, et leur position, qu’ils se ressaisissent afin de maintenir leur présence et leur rôle dans les affaires publiques et le processus politique, par un véritable partenariat national, loin de toute dépendance ni de tutelle, afin de construire leur pays et leur avenir main dans la main avec leurs frères les Musulmans, parce que ni le futur ni la coexistence ne pourront exister que s’ils sont ensemble. Notre force réside dans notre tissu Multiethnique. Mettons-nous à travers le chemin de l’espoir.

Tous doivent aussi communiquer avec leurs concitoyens et avec l’Église qui les a accueillis dans leur épreuve et contribué grandement à attirer l’attention de la communauté internationale à leur situation. Aujourd’hui aussi, l’Église les soutient et les encourage à s’accrocher à l’espérance et à retourner dans leurs villes. C’est notre terre et nous y resterons.

  1. Le rôle de l’Église

En ce qui concerne l’Église en Irak, elle doit lire les signes des temps, et renouveler son engagement évangélique, par le retour aux enseignements du Christ, comme l’appelle toujours le pape François, par l’approfondissement de la relation spirituelle, loin de la tentation du pouvoir et de l’argent. De même prendre des initiatives réelles vers l’unité, l’évangélisation de la société, et l’actualisation de son discours religieux pour dépasser le style traditionnel et formel, pour aboutir à un discours significatif et influent. Que l’église suive les traces du Christ envers les nécessiteux: les personnes déplacées et les malades, et leur fournir les soins possibles. De même qu’elle implique les laïcs dans des responsabilités plus larges, par les conseils diocésains et paroissiaux et les communautés de   service. Les laïcs sont des membres de l’Église et des partenaires en vertu de leur baptême, de leur sacerdoce royal.

Avec les musulmans, il faudrait entamer un dialogue sincère pour comprendre la réalité de chaque partie, que celle-ci soit reconnue et acceptée, d’autant plus que le Concile Vatican II en 1965 a ouvert la voie à ce dialogue quand il a déclaré : «L’Église regarde avec respect les musulmans qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et Tout-Puissant, Créateur du ciel et de la terre…  » (Déclaration sur la relation de l’Église avec la religion musulmane. paragraphe 3). Ce dialogue doit aller au-delà des formalités, et travailler assidument avec tous ceux qui font preuve de bonne volonté pour établir la paix et la sécurité, et promouvoir les valeurs de tolérance, de justice, de liberté et de dignité pour tous.

En conclusion, je demande aux chrétiens, en ces jours-ci de se tenir solidaires avec le peuple palestinien qui a souffert soixante-dix ans d’oppression et de déplacement. De même je les invite, à prier pour que Jérusalem reste une ville sainte pour les chrétiens, les musulmans et les juifs.

Bonne Fête à Tous

Bagdad 19 décembre 2017

 

Traduction : Mgr Yousif Thomas Mirkis