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Liturgie, oecumenisme,mission : quelques thèmes au coeur du Synode

Avant les travaux de groupes, les pères synodaux développent  à tour de rôle pendant quelques minutes un sujet de leur choix. Voici un extraits de quelques interventions :

Toutes les interventions sont publiées sur : http://eglisesdorient.blogspot.com/

La vocation missionnaire de nos Eglises

S. Exc. Mgr Youhannes ZAKARIA, Évêque de Louxor, Thèbes des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)

Bien que l’Église au Moyen-Orient constitue actuellement une minorité qui vit au milieu d’une majorité non chrétienne et soit en train de combattre contre le danger de son propre déclin, et soit en train de lutter pour conserver la foi chrétienne dans les coeurs de ses fidèles, cette Église ne doit avoir ni peur ni honte et ne doit pas hésiter à obéir au mandat du Seigneur qui lui demande de continuer la prédication de l’Évangile.

En partant de ce Synode, je demande à nos Églises orientales de renouveler leur enthousiasme missionnaire et leur activité de prédication. Elles doivent, en outre, promouvoir la formation de tous leurs enfants afin qu’ils redécouvrent leur vocation missionnaire et les encouragent à consacrer leur vie avec enthousiasme pour annoncer l’Évangile, participant ainsi avec les enfants de l’Église universelle, et spécialement ceux de l’Église occidentale, au service de la prédication de la Parole de Dieu dans le monde entier.

[00027-03.03] [IN006] [Texte original: italien]

Préserver la liturgie

S. Exc. Mgr Kyrillos WILLIAM, Évêque d’Assiout, Lycopolis des Coptes (RÉPUBLIQUE ARABE D’ÉGYPTE)

La liturgie, d’après l’Instrumentum Laboris, est un aspect profondément enraciné dans la culture orientale, ainsi on ne peut pas diminuer de sa force pour préserver aujourd’hui la vivacité de la foi. L’histoire nous affirme que dans nos pays du Moyen-Orient la liturgie fut toujours une école pour l’éducation de la foi et la morale chrétienne surtout auprès de nos populations simples et en majorité analphabètes, grâce aux nombreuses lectures bibliques (6 lectures quotidiennes dans notre liturgie copte, qui s’ajoutent aux jours de fêtes et de certaines célébrations), et aux prières composées de citations bibliques juxtaposées.

C’est pourquoi nous devons la préserver avec révérence d’après le texte du droit canonique oriental (cf. canon 39 du CCEO).

Dans la constitution Sacrosanctum Concilium, paragraphe 4, Vatican II affirme l’égalité de tous les rites en ce qui concerne les droits et la dignité. Dans le décret conciliaire Orientalium Ecclesiarum, les pères du Concile affirment une estime particulière au patrimoine des Églises Orientales, et soulignent les bienfaits de celles-ci envers l’Église Universelle, en citant la lettre apostolique “Orientalium Ecclesiarum” de Léon XIII du 30/11/1894.
Le décret conciliaire sur les Églises Orientales Catholiques exorte en outre tous les occidentaux qui sont en contact avec ces Églises, à s’appliquer a connaître, et à respecter les liturgies orientales, et il se réfère au Motu Proprio “Orientis Catholici” de Benoit XV du 15/10/1917 et à l’Encyclique “Rerum Orientalium” de Pie XI du 8/9/1926.
Le Canon 41 du CCEO confirme ceci et leur exige de connaître avec exactitude et de pratiquer ces liturgies.

Or nous constatons que pas mal de religieux latins traduisent en arabe la liturgie latine et la célèbrent pour nos fidèles orientaux les aidant ainsi à se détacher de leurs églises et à affaiblir leur appartenance à celles-ci.

En ce qui concerne la langue liturgique (Instrumentum Laboris 72), nous n’avons pas attendu Vatican II pour traduire nos textes liturgiques dans les langues courantes du peuple. Depuis les origines, notre liturgie copte fut célébrée dans les divers dialectes en Haute-Égypte, et dans les grandes villes en grec, langue de la culture et de la vie quotidienne. À partir du Xe siècle, nous trouvons tout en arabe. Un facteur qui a aidé à préserver la foi, et si nous comparons avec d’autres pays voisins comme l’Afrique du Nord, nous constatons qu’au bout de quelques siècles le christianisme, fleurissant au début, est disparu; car on leur a imposé une liturgie étrangère dans une langue peu connue.

J’ai une explication à demander et un voeu à souhaiter : dans un pays comme le nôtre, l’Égypte, où tous (catholiques, non catholiques, même les non chrétiens) sont des coptes, à quoi sert la célébration de la liturgie latine en langue arabe? S’il y a des latins, il est de leur droit de célébrer les messes latines, mais dans une autre langue que l’arabe, car ceci attire nos fidèles et aide à leur dispersion.

L’œcuménisme en crise

S. Exc. Mgr Boutros MARAYATI, Archevêque d’Alep des Arméniens (SYRIE)

Le mouvement oecuménique traverse une véritable crise: en sont la preuve, les situations difficiles que les Églises du Conseil du Moyen-Orient doivent affronter aujourd’hui, alors que ce dernier fut pourtant en première ligne dans le travail œcuménique dans nos pays. Aujourd’hui, nous espérons que la crise soit une phase transitoire du progrès initial pour l’ouverture d’une nouvelle page du travail œcuménique, passant d’un style bureaucratique, d’un développement des projets et de l’administration financière, à l’encouragement d’un esprit de fraternité, de dialogue et de communion entre les Églises.

Dans toutes ses pages, le Document de travail contient un aspect œcuménique, puisque l’ensemble concerne les Églises au Moyen-Orient. Nous voudrions ajouter que cette assemblée spéciale ne conservera sa dimension authentiquement chrétienne et catholique que si elle est lue à la lumière de nos relations avec les Églises et les autres communautés chrétiennes. Il a été dit que “nous sommes ensemble ou ne sommes pas du tout”.

 

  • J’estime qu’il manque quelque chose dans les paragraphes 14 et 15. Ne serait-il pas important de mentionner que Damas a été le lieu de la conversion de Saint Paul, lieu duquel il est parti pour se rendre en Arabie et puis dans toutes les nations ? Nous avons célébré l’année paulinienne ouverte par Sa Sainteté le Pape Benoît XVI. À Antioche, les disciples du Christ furent appelés chrétiens. Au nord d’Alep, la vie monastique et religieuse fut prospère au IVème siècle. De Siméon le vieux à Saint Maroun, les sites archéologiques en témoignent encore. Ceci est un fait œcuménique qui nous rapporte à nos racines chrétiennes communes. Nous devons le raviver à un niveau non seulement local, mais également universel afin que ses racines puissent soutenir notre présence chrétienne dans l’histoire.
  • Au paragraphe 25, le Document de travail affirme que “les situations dans les divers pays du Moyen-Orient sont très différentes les unes des autres”. Il ne s’agit pas d’un simple fait, mais d’un fait incontestable. Si nous voulons que cette assemblée spéciale soit féconde, nous devons penser à une conférence spéciale pour chaque pays, ayant un aspect œcuménique dans le cadre de laquelle discuter des questions selon les situations locales. Indubitablement, les défis sont les mêmes, mais chaque pays a une situation.
  • Les défis mentionnés dan le Document de travail, en particulier celui de l’émigration (paragraphes 43-48), constituent une grave préoccupation pour nous comme ils le sont pour les autres Églises et communautés chrétiennes locales. Il s’agit d’une véritable sollicitude œcuménique. De là, l’obligation de se demander: existe-t-il un plan pour évacuer les chrétiens d’Orient? Au cours des cents dernières années, l’émigration ou la déportation violente ont continué à se vérifier en Orient. En 1915, des centaines de milliers de chrétiens arméniens ont été déportés avec force de leurs pays et ont été victimes du premier génocide du XXème siècle perpétré par les Ottomans. Parmi ces martyrs se trouvaient l’évêque Ignatius Maloyan. La même chose est arrivée parmi les Chaldéens et les Syriens. De nombreux chrétiens ont été éloignés de leurs villages et de leurs villes. Ces actes se sont poursuivis au travers des événements de Palestine, de la guerre civile au Liban, de la révolution islamique en Iran, de l’invasion de l’Iraq. Les chrétiens sont martyrisés et contraints à émigrer, contraints à partir de toutes les Églises sans distinction aucune. Peut-être attendons-nous le jour où le monde comme spectateur et les Églises occidentales indifférentes observeront sans broncher la “mort des Chrétiens d’Orient”?

 

Malgré les crises et les difficultés qui se présentent à notre vie chrétienne et à nos relations œcuméniques, nous continuons à “croire, espérant contre toute espérance” (cf. Rm 4,18).