« L’urgence est de neutraliser l’ensemble des groupes jihadistes » par Mgr Pascal Gollnisch

Prêtre catholique, directeur général de l’Œuvre d’Orient depuis 2010, vicaire général de l’Ordinariat des catholiques orientaux en France depuis 2014.

« L’utilisation par le groupe dit prétendument « État » et prétendument « islamique » de la terminologie des croisades est tout à fait proche du ridicule. En effet, les croisades se sont terminées par le départ des croisés voilà huit siècles. Par conséquent, réactualiser cela souligne une pensée incapable de s’ouvrir à des problématiques contemporaines.

Penser que la France d’aujourd’hui est concernée par un esprit de croisade chrétienne, c’est vraiment très mal la connaître. Nous nous sommes ouvert à la laïcité depuis très longtemps et penser que l’État français agit sous des motivations chrétiennes c’est joindre à l’archaïsme une totale incompétence à l’analyse de la situation présente en Europe. Par conséquent, nous ne pouvons pas accorder le moindre crédit à ces problématiques.

Cependant à côté de Daesh, la neutralisation d’autres groupes terroristes comme Al Qaida est tout autant nécessaire. Ça ne sert à rien de neutraliser un groupe jihadiste si on en laisse un autre à côté. Il faut complètement neutraliser l’ensemble des groupes jihadistes et pour cela, mettre les moyens nécessaires. Tout le monde sait qu’un sanglier blessé se retourne contre le chasseur et devient un danger. Il ne s’agit donc pas de les toucher à moitié ou en partie, il s’agit de les neutraliser. Moi je suis prêtre catholique, ce n’est donc ni à moi ni à l’Œuvre d’Orient de déterminer quels sont les moyens à prendre mais ne pas neutraliser rapidement c’est s’exposer à des revers qui peuvent être extrêmement néfastes et dangereux comme hélas nous l’avons constaté le 13 novembre 2015.

En France, nous avons perdu du temps en faisant du départ du président Assad notre obsession. Beaucoup se rendent compte aujourd’hui que c’était une approche erronée. Or, l’urgence était d’abord de neutraliser les jihadistes. Ce ne sont ni seulement des islamistes ni, a fortiori, des musulmans mais des terroristes qui ne se cachent pas d’essayer de terroriser toute une région par la mise en lumière d’actions de barbarie. Ces gens veulent terroriser par leur cruauté. Par conséquent, il faut les neutraliser.

L’urgence est avant tout sécuritaire (l’usage d’une force légale), ensuite elle est celle d’une perspective politique (les gens n’auront plus besoin d’avoir recours au terrorisme pour se protéger) et enfin, elle se situe dans un effort économique (couper les sources économiques du Daesh qui vend son pétrole et son coton à travers la Turquie et couper les routes de munitions et de jihadistes qui transitent également par là) pour redonner aux gens l’espoir raisonnable qu’ils pourront vivre en sécurité et dans un développement économique sans avoir besoin des jihadistes.

Notre action à l’Œuvre d’Orient n’est pas de type politique mais de regarder où se situe l’intérêt des populations en général et des chrétiens en particulier. Que cela fasse plaisir ou non, dans les zones soutenues par le régime, les chrétiens peuvent vivre librement et exercer librement leurs activités. Dans les zones tenues par Daesh ou Al Qaida, ils sont soit tués soit enfermés. Moi j’en tire les conclusions. »

Article publié dans Le Hors Série Histoire, La Vie, Jihad et Croisades.