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Mission en Terre-Sainte à l’Hospice Saint Vincent de Jérusalem

C’est ainsi qu’après la formation suivie à Paris auprès de l’Œuvre d’Orient et de ses partenaires (La Guilde), j’ai atterri par un agréable après-midi de ce que l’on appellerait en France le printemps, à l’aéroport international Ben Gourion (Tel Aviv).

 

« Un grand merci à Sœur Alice

pour cet atterrissage en douceur relatif au visa ! La route se poursuit donc en Sherout cette fois-ci (bus Israélien d’une dizaine de personnes) vers Jérusalem. La toute première impression est un sentiment d’irréel, je suis en Terre Sainte ! Après un bref échange avec mon voisin, je me rends compte que ce dernier parle français et me voici descendant du sherout avec un premier contact en poche ! Ce n’est pas encore la fin de cette belle journée, l’accueil qui m’attend à l’arrivée chez les sœurs est mémorable.

Les tous premiers jours sont consacrés… au repos, les sœurs m’offrent la possibilité de prendre 48 heures pour réaliser ce qui m’arrive et prendre contact avec la cité qui m’accueille. Ainsi, j’entame quelques pas dans la vieille ville mais surtout je prends le temps de souffler un peu. Puis j’entre alors de plein pied dans ce qui sera ma mission d’un an auprès des handicapés de l’Hospice Saint Vincent de Paul.

La rencontre avec les handicapés et l’équipe soignante palestinienne est assurément le deuxième temps très fort de ce début de mission. Ici, on parle français avec les volontaires et les sœurs, mais l’arabe, le français ou l’anglais avec l’équipe et les personnes accueillies. Il arrive que quelques mots d’hébreux se retrouvent ici où là, particulièrement lorsqu’il s’agit de souhaiter Shabbat Shalom à Abraham, handicapé, juif de naissance mais qui porte aujourd’hui la croix. Cette rencontre avec l’Orient et les gens qui y vivent est un moment très particulier ou l’on peut mesurer la réalité de ce qu’on appelle généralement le sens de l’accueil. Derrière les mots, se cache en fait des gens qui ne vous ont jamais vu, qui ne vous ont jamais parlé mais qui lorsqu’ils vous rencontrent, considèrent que c’est là un don de Dieu. Dans un premier temps, la seule chose qui compte au-delà de tout le bagage émotionnel, intellectuel, culturel qui vous caractérise nécessairement, c’est la question de savoir si vous allez simplement recevoir et échanger avec la personne qui vous accueille ou vous mettre en retrait. Ce sentiment est, je pense, décuplé auprès des personnes handicapées qui semblent apporter une importance toute particulière à la manière dont vous allez vous présenter à elles.

 

« Bien qu’elles soient extrêmement différentes les unes des autres,

les personnes accueillies demandent le plus souvent de l’attention et du respect dans tous les aspects de leur quotidien y compris ceux auxquels on pense le moins tant pour elles chaque détail d’une douche, d’un habillage, de la manière dont le repas est donné, est soumis au soin que vous y porterez ou non. Cette dépendance quasi-totale est parfois déroutante.

Puis la mission progresse, la première semaine est passée, sans s’en rendre compte voici déjà la seconde semaine, les différentes tâches sont réparties entre le personnel soignant et les volontaires et il s’agit de prendre pleinement place dans cette organisation. A ce titre, je dois dire que l’aide des autres volontaires déjà sur place depuis quelques mois est essentielle. Joseph, séminariste et volontaire aussi, est à mes côtés et me transmet tout son savoir-faire, c’est-à-dire  la manière de travailler et le fruit de son expérience personnelle. Il me permet de gagner un temps précieux dans l’adaptation et m’offre l’opportunité d’entrer rapidement au cœur de la mission tout en gagnant la confiance de l’équipe soignante.

Ainsi, la journée type de mon début de mission s’organise autour du lever des personnes handicapées à 6h30 suivi par une douche et l’ensemble des soins qui s’y attachent (rasages, lavages, massages, habillage…). Vient ensuite le petit-déjeuner qui est pris en commun puis les volontaires ont le temps de prendre une pause pour se restaurer entre 8h00 et 8h30. S’ouvre alors un temps de détente/sport/jeux jusqu’à 11h00, puis la fin de matinée est rythmée par un second soin (changement des couches pour certains) et le repas qui s’achève entre 12h30 et 13h. Les dortoirs sont séparés Homme/Femme mais tous se rejoignent pour les repas et les temps de détente. Les après-midis sont libres et offrent la possibilité de se consacrer à la visite de Jérusalem. Le jour de repos permet quant à lui d’aller plus loin et de profiter du pays.

 

« C’est le troisième temps fort de cette expérience.

La Terre Sainte est là, partout, à chaque coin de rue, chaque quartier, dans chaque visage. Quelle terre étonnante et fascinante ! Bien sûr, tout un chacun connaît la réalité géopolitique, culturelle et religieuse de cet endroit du monde. Cependant, certaines expériences m’ont fait prendre conscience de l’infinie complexité de cette réalité. Il n’est pas nécessaire d’aller bien loin. L’Hospice Saint Vincent est né de la vocation religieuse des Filles de la Charité, une congrégation catholique qui compte ici cinq religieuses, mais les employés sont palestiniens, chrétiens ou musulmans. Ainsi l’un d’entre eux, musulman, m’a fait visiter la vieille ville avant d’y prendre un repas et de m’inviter chez lui sans que ma foi chrétienne ou ma culture occidentale n’ait engendré de sa part le moindre sentiment de rejet ou de méfiance.

Quelques jours plus tard, à l’occasion de la fête de « Pourim », c’est un juif orthodoxe rencontré par hasard dans le quartier de Méa Shéarim qui m’offrait son chapeau en signe d’association à la fête qu’il célébrait.

 

 

 

« Ce statut d’étranger semble en réalité offrir l’opportunité de dépasser les frontières pour le meilleur mais aussi pour le pire.

 

Que penser en effet de cette possibilité de faire le voyage Jérusalem/Bethléem, distants de quelques km, dans la journée avec l’École Biblique alors que de nombreux palestiniens de Bethléem n’ont tout simplement jamais vu Jérusalem ?

 

Ces interrogations, bien que très présentes, n’empêche pas d’accepter la chance (grâce) que l’on reçoit mais appellent à une nécessaire et intransigeante humilité devant ce qui est découvert. Ainsi, la visite à Bethléem a été d’une grande richesse, conduite par le Frère Dominique-Marie de l’École Biblique de Jérusalem, et j’ai eu la possibilité de visiter la Nativité, le champ des Bergers ainsi que les piscines de Salomon et enfin le monastère de Mar Saba dans le désert de Judée. Une première visite vraiment passionnante !

 

 

Je dirai donc que cette arrivée à Jérusalem s’est faite dans les meilleurs conditions pour moi et que malgré le fait que seulement trois semaines se soient écoulées, l’intensité de ce qui est vécu ici engendre très rapidement le sentiment d’y être depuis longtemps. Bien sûr, des difficultés, il y en a aussi, tout n’est pas idyllique et l’adaptation peut parfois être rude, notamment lorsqu’il s’agit de se confronter aux tâches plus délicates de la mission dès 6h30 du matin mais c’est là un défi de chaque jour, à relever avec la grâce de Dieu.

 

Salutations de Jérusalem !

 

Patrick »