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Prêtre et universitaire en Palestine : L'Œuvre d'Orient a interviewé le Père Jamal Khader lors de sa tournée française

1. L’Œuvre d’Orient : Comment vivent les chrétiens leur Foi au quotidien ?

Jamal Khader : Les chrétiens continuent leur travail de Paix malgré les difficultés que nous traversons au jour le jour. Ils se mettent au service des autres dans les écoles, les hôpitaux, les universités catholiques et dans le domaine social. Ils puisent dans leur Foi leur Espérance. Dieu est toujours près de nous dans l’épreuve : nous trouvons notre force dans la lecture du Nouveau Testament : Jésus passe de la mort à la vie, le royaume advient avec la Croix. Ces évangiles nous aident à réfléchir sur notre situation marquée par la croix. Nous avons des difficultés à lire l’Ancien Testament dont le message peut être utilisé à des fins politiques. Beaucoup de jeunes ont envie d’émigrer: nous les aidons à prendre du recul sur leur situation pour leur redonner espoir. Nous organisons des rencontres avec d’autres étudiants : j’ai 50 jeunes qui partent aux JMJ. A travers tous ces échanges, ils se rendent compte que les difficultés existent partout si on veut vivre sa Foi. Je travaille dans ce sens à l’Université de Bethléem.

2. L’Œuvre d’Orient : Quelle est leur relation avec la communauté juive ?

Jamal Khader : Une grande séparation existe avec le mur qui n’est pas simplement physique mais psychologique. Il n’y a pas de relation pour la simple raison que les peuples ne se rencontrent pas dans ce contexte d’occupation, et d’oppression. Les seuls juifs que croisent les palestiniens sont les soldats ou les colons. Il existe des lieux de Paix comme à Jaffa avec les Frères des Ecoles chrétiennes, où les élèves scolarisés sont de confession juive, musulmane et chrétienne. Ces initiatives sont rares et limitées. Les seules échanges peuvent avoir lieu à l’étranger en Turquie ou en Amérique, et encore …

3. L’Œuvre d’Orient : Quelle est la réaction des chrétiens face au Printemps arabe ?

Jamal Khader : C’est un peu tôt pour juger, il faut encore attendre. Dans le monde arabe, les chrétiens craignent le même sort qu’en Irak, où la communauté chrétienne a beaucoup souffert. Pour moi, c’est un signe d’espérance : toute une génération demande la dignité, l’égalité. En Palestine, c’est différent : les chrétiens ne craignent rien, leur situation est déjà tellement mauvaise que tout renversement pourrait être meilleur.

Il y a actuellement de nombreux pourparlers entre Israël et le Vatican, mais pour nous rien ne change : en décembre 1993, le Saint Siège a signé un accord portant sur de nombreux points dont la reconnaissance de l’Etat d’Israël par le Vatican. Ces accords, impliquent d’autres points pour Israël n’ont toujours pas été ratifiés par le parlement israélien depuis 17 ans ! Maintenant  ils ne souhaitent pas appliquer les autres demandes.

4. L’Œuvre d’Orient : Quant à la reconnaissance de la Palestine par l’ONU, qu’en pensent les chrétiens ?

Jamal Khader : Les chrétiens réagissent en tant que palestiniens.

• Si cette reconnaissance a lieu il y aura un tournant dans les relations internationales : les négociations changeront car elles seront entre deux États. Les palestiniens ont construit ce projet avec des moyens non violents. Leur structure est prête.

• S’il n’y a pas de reconnaissance maintenant, il sera trop tard : Israël continue ses colonies pour empêcher la construction de cet état. Les palestiniens ne pourront plus avoir un état mais seulement des droits : Cela mènera à un régime d’apartheid.

Ma question pour cette reconnaissance est quel va être le rôle de la communauté internationale, européenne pour trouver une paix juste au Moyen Orient ?


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