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Rencontre avec Samir, journaliste de la Radio Al-Salam en Irak

Depuis sa création, Radio Al-Salam diffuse ses ondes exclusivement dans la région d’Erbil, là où de nombreux irakiens – chrétiens mais pas que – ont fui Daesh, et Mossoul que les terroristes ont pris d’assaut à l’été 2014.

L’objectif de cette radio ? Une radio créée pour les réfugiés comme l’expliquait Vincent Gelot, le coordinateur du projet sur place en lien avec l’Œuvre d’Orient, au moment de sa création. « Depuis l’arrivée des déplacés de la plaine de Ninive au Kurdistan irakien, les Irakiens voient passer de nombreux médias, qui les filment et les prennent en photo, puis repartent dans leur pays. Or, le besoin s’est fait sentir pour les réfugiés d’avoir une voix qui soit la leur, un média local qui parle leur langue, leur délivre des informations utiles et leur permette de s’exprimer, de témoigner de ce qu’ils vivent » raconte-t-il

« Elle s’adresse à tous ceux, chrétiens ou non, qui ont connu la déchirure de l’exil. Elle veut aussi permettre de faire un pont entre les habitants d’Erbil et les réfugiés. Dans les camps, les gens vivent un peu dans leur bulle. Nous aimerions donc devenir une plate-forme de discussion, d’échange, pour permettre aux gens de s’écouter, et ainsi promouvoir la paix, comme l’indique notre nom « Al-Salam ».

« J’ai voulu voir la vie des réfugiés. J’aime le travail où je peux bouger et faire avancer les choses »

Lorsqu’il est arrivé à Radio Al-Salam, Samir n’y connaissait pourtant rien à la radio. C’est un journaliste français, Pierrick Bonno – qui a lancé le projet – et qui l’a formé. « J’ai voulu voir la vie des réfugiés. J’aime le travail où je peux bouger et faire avancer les choses ». À ce moment, Samir travaillait comme assistant d’un professeur de français à l’université d’Erbil, après des études de français. Une place qu’il occupe toujours en raison de son mi-temps à la radio. « Je m’occupe des ‘news’ le soir, qui ont lieu de 17h à 18h, donc je travaille uniquement l’après-midi à la radio ».

Samir à la rencontre des familles réfugiés dans les camps
Samir à la rencontre des familles réfugiés dans les camps

Pour rendre compte de ce que vivent les réfugiés, il se rend quasi quotidiennement dans les différents camps dans et autour d’Erbil à la rencontre des familles « Je réalise trois ou quatre reportages par semaine. Lorsqu’il y a des personnes avec une histoire vraiment forte, je fais alors un format plus long, de 30 à 40 minutes, diffusé le dimanche dans l’émission ‘une histoire pour l’histoire’. Par exemple les femmes yézidies qui ont réussi à s’échapper des hommes de l’État islamique ou les réfugiés qui ont tout perdu. Et chaque jour nous recevons des invités à la radio. Notre objectif, c’est que les gens puissent parler, s’exprimer. Je vais aussi dans la province de Duhok, au nord du pays à la frontière turque, car il y a beaucoup de réfugiés, de yézidis ».

Cinq journalistes dans l’équipe

Aujourd’hui ils sont cinq journalistes à animer cette « radio des réfugiés ». Deux femmes et trois hommes ; Ronza, Fabian, Rayan, Églantine et Samir. Comme lui, Ronza n’avait aucune expérience radiophonique avant d’arriver à radio Al-Salam, il y a deux mois. Rayan et Fabian eux, avaient travaillé comme journalistes à Erbil pendant sept années, pour des chaînes chrétiennes.

Les studios de Radio Al-Salam
Les studios de Radio Al-Salam

L’emploi du temps des cinq journalistes de l’équipe est donc bien rempli entre la réalisation des reportages, la préparation des invités, les émissions de radio…

Les journées sont divisées en trois parties, entrecoupées par des programmes musicaux ; la matinale de 9h à 12h, le « midi » de 13h à 14h30 et les news le soir.

« Ces personnes ont tout perdu, je crois que c’est important de le raconter. Il faudrait que le monde puisse l’entendre » conclut Samir.

Son souhait ? Que des radios similaires puissent s’implanter un peu partout en Irak. Deux projets d’antennes sont d’ailleurs à l’étude à Souleimanieh (près de Kirkouk) et du côté de Duhok.