Syrie : Lettre de Mgr Antiba, pour son installation d'archevêque métropolitain melkite

Noël 2013

Mes chers amis,

Le chœur d’anges disait : « Le Christ est né. » et entendait la réponse « Glorifiez-Le ! ». Cela nous rappelle le refrain chanté pour Noël, la fête de l’Incarnation, de la Nativité de  notre Seigneur et Dieu et Sauveur Jésus Christ. « Le Christ descend des cieux. » et l’hymnographe nous invite : «  Allez à Sa rencontre ».

C’EST A CETTE RENCONTRE ENTRE DIEU ET SON PEUPLE,QUE L’ANCIEN TESTAMENT NOUS A PRÉPARÉ DEPUIS DES SIÈCLES.

Après la période d’attente tintée de jeûne et de prières, Noël nous fait vivre la joie de la naissance du Christ, le Fils de Dieu dans la petite bourgade de Bethléem. C’est là que le Christ est entré dans le temps et l’espace, Lui qui est éternel et infini. Quelle contradiction merveilleuse ! Rien n’est impossible pour Notre Dieu et Emmanuel!

Je suis sûr que chacun de nous se met en vitesse pour se préparer pour ce grand événement. Les magasins, de tout genre, sont là grand ouverts pour recevoir tous sans aucune exception. Les arbres et les crèches, sans oublier les icônes, ont pris leur place dans les maisons. La beauté est un attribut divin !

Mais n’oublions pas nos cœurs pour recevoir cet « étranger », cet « extra-terrestre » qui nous aime et qui désire être aimé par nous. Il nous apporte la vraie paix qui procure la joie de la vie. De nouveau les Anges nous le rappellent : « Gloire à Dieu au plus haut de cieux, paix sur terre et bienveillance aux hommes » ! Oui, n’oublions les Mages, sinon il n’y a pas de présents ! Alors où est parti saint Nicolas (papa Noël) avec ses cadeaux ?

NOËL SERA UN PEU DIFFÉRENT POUR MOI CETTE ANNÉE.

C’est une autre façon de le vivre vu mon nouveau entourage et lieu. Cependant, Dieu lui-même a changé de domaine pour naître. Je serai à Khabab, le nom du lieu de l’évêché de mon diocèse et là où je résiderai (en Syrie).

J’aimerais vous donner quelques nouvelles.

J’ai été très bien reçu par les autorités, le clergé et les gens du diocèse lors de mon intronisation le 16 novembre dernier. Ce fut, je remercie le Seigneur, grandiose, car je ne croyais pas mes yeux pour l’accueil offert. Des voitures de police et des motards nous ont devancés jusqu’à l’entrée du village où les gens avec la fanfare et la chorale se sont rassemblés pour nous recevoir. Alors à pieds, nous nous sommes rendus à la cathédrale où se déroula le service de l’intronisation, prise de fonction de l’évêque. Une belle et nombreuse chorale chantait les répons avec une nombreuse foule ; la cathédrale était bien remplie. Les gens en route vers la cathédrale jetaient des fleurs, du riz et des bonbons. A la fin de la cérémonie, une réception dans la place de l’église eut lieu pour venir me féliciter. De retour, à pieds (un petit kilomètre), à l’évêché où tous les prêtres (20) et certains hauts fonctionnaires ont été invités au repas (un gigot de mouton). Le jour suivant, dimanche, célébration de la Divine Liturgie à la cathédrale. De nouveau réception et déjeuner avec le gouverneur de la ville. C’est calme et Dieu merci.

J’ai dû quitter après quelques jours pour le voyage à Rome où notre Église Melkite, sous la présidence du Patriarche, devait présenter ses félicitations au pape François pour son élection. Ce fut un beau voyage. De nouveau au Liban pour une autre rencontre avec les évêques catholiques de Syrie et le cardinal responsable pour les affaires concernant les œuvres de charité. En effet, la situation humanitaire en Syrie, comme vous le savez, est catastrophique ! On parle de famine et de maladie, c’est peu dire. La guerre peut durer !

En effet, dans mon diocèse, si vous me le permettez, deux villages ont été complètement vidés et par conséquent les gens réfugiés. Les maisons dans 5 villages sont  à 80 % détruites et beaucoup de ces gens ont abandonné leur village et cherchent refuge chez leur parenté à gauche et à droite. Ne parlons pas des églises endommagées et de vastes terrains d’agriculture détruits avec des arbres fruitiers et des oliveraies, en plus des champs de blé et d’avoine brûlés. Il y a eu 20 personnes kidnappées et on a dû payer une grosse somme d’argent en rançon pour les libérer. Ajoutons à tout cela, les « martyrs » pour leur foi, au nombre de 15, pour ne pas mentionner le nombre indéfini des blessés et traumatisés (c’est le rapport présenté par l’évêque mon prédécesseur à la rencontre susmentionnée). C’est incroyable !

ON EST DANS LE GRAND BESOIN.

Une petite chose encore à vous dire. Mes prêtres sont de gens mariés. Leur paie est très basse, et ils n’ont pas été payés depuis deux mois. De même, les intentions de messe manquent totalement (presque 1 an).

Je voudrai remercier tous ceux qui m’ont déjà fait des dons à travers les différents cadeaux. Merci pour votre générosité et solidarité !

Comme je vous l’ai toujours répété lors de mon ministère à Paris parmi vous : Courage et Confiance ! Je mets ma confiance en le Seigneur qui est le Prince de la paix qui redonnera la paix à la Syrie, cette terre tourmentée et blessée. C’est triste de marcher dans ce tunnel, mais le Seigneur « Soleil de justice », comme le répète le tropaire de Noël, illumine mon chemin!

Mes souhaits pour un Noël resplendissant de joie et de concorde dans vos familles, les baisers de Abouna à mes amis les petits qui me manquent beaucoup, et mes vœux pour un Nouvel An de paix où je pourrai, inchallah, venir vous revoir.

Le Christ est né. Glorifiez-Le !     Χριστος γενναται δοξασασθε !

المسيح ولد. فمجّدوه !

Vôtre

+Abouna Nicolas