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Syrie : la mort du Père François Mourad endeuille la présence franciscaine

Le Père François était bien connu dans la région où il s’était retiré il y a quelques années comme ermite.

Après avoir fait son noviciat franciscain pour la Custodie à Rome, il avait entendu un appel plus pressant du Seigneur à la vie contemplative. Appel qui trouva son accomplissement en Syrie dont il était citoyen. Ses liens avec la Custodie étaient restés très forts et il venait régulièrement aider tel ou tel couvent en remplacement d’un frère ou l’autre. Au point « qu’il était toujours un peu l’un des nôtres » suivant les mots du Père Custode.

Depuis le début de la guerre en Syrie, il avait quitté son ermitage pour rejoindre un frère affaibli et desservir une communauté religieuse voisine, pour trouver également un peu plus de sécurité. Les tragiques circonstances de sa mort affectent particulièrement la Custodie.
La présence de la Custodie en Syrie est multiséculaire, elle y a toujours exercé sa mission de service des populations et continue dans ces temps troublés de le faire sans distinction de religions ou de partis.

Il y a quelques semaines, les revues Terre Sainte de la Custodie rapportaient que la Custodie dans la région de l’Oronte accueillait une « centaine de personnes, des chrétiens et des musulmans sunnites et alaouites ensemble. Ils arrivent à vivre ensemble parce que le prêtre a catégoriquement interdit à tout le monde de parler politique au monastère. Mais ils manquent de tout : de pain, d’eau et d’électricité. Les frères et religieuses franciscains font tout leur possible pour leur procurer des médicaments et des produits de première nécessité. »
La Custodie, dans la mesure du possible, essaie de soutenir ses frères présents en Syrie pour leur faire parvenir ce dont ils ont besoin. Mais les risques encourus lors des acheminements sont grands. Les frères faisant valoir le caractère religieux de leur démarche ont passé des accords avec les partis pour garantir leurs déplacements. Mais la situation étant si aléatoire et des groupes d’extrémistes sévissant, aucun déplacement, même pour des religieux, ne peut être tenu pour sûr ; preuve en est l’enlèvement de deux évêques dont on est toujours sans nouvelles depuis deux mois.
Pourtant et en dépit des risques encourus, les frères se démultiplient pour venir au secours des populations. En plus des soins qu’ils apportent dans leurs dispensaires, où des religieuses franciscaines et des Soeurs du Rosaire travaillent avec eux, ils accueillent des déplacés dans certains couvents devenus « dortoirs », ils distribuent de la nourriture aux réfugiés et à tous ceux qui se présentent aux portes des couvents, ils participent financièrement à la restauration des maisons détruites des familles de leurs paroisses, ils aident les plus démunis et servent parfois d’intermédiaires lors d’enlèvements de leurs paroissiens.

Cet accueil de tous vaut aux frères de la Custodie de subir régulièrement des représailles de l’un ou l’autre camp. En décembre dernier, un couvent a été bombardé qui, depuis, est désert.

La mort du Père François est un coup dur pour tous les frères. Pourtant, ils continuent d’être d’un grand renfort spirituel pour les populations qu’ils desservent. « La guerre a partout et en tout un impact négatif, mais elle a aussi amené les chrétiens de tous les rites à se rapprocher les uns les autres, à s’entraider et à prier ensemble. » Dans certains villages de l’Oronte, alors que les franciscains sont les seuls religieux à être restés, ils célèbrent les sacrements pour tous les rites. Ailleurs, ils organisent des temps de prières où tous sont présents.
« Nôtre rôle, estime un frère résidant dans l’Oronte, est d’être des fous de Dieu qui continuent de porter l’espérance à tous ceux qui pensent qu’il n’y a plus de futur, qu’il n’y a plus ni espoir, ni charité. »

La situation tragique de la Syrie nous presse à prier pour que cesse la guerre au plus vite. D’autant qu’elle semble entrainer le Liban voisin dans un regain de violence, et est de nature à affaiblir la Jordanie confronté à l’afflux de réfugiés.

La Custodie appelle la Communauté internationale à trouver les voies du dialogue avec les forces en présence pour instaurer la trêve et œuvrer à la réconciliation. Aucune des mesures prises, susceptibles d’apporter davantage de violence, d’augmenter le nombre de morts, n’est en mesure de donner à la Syrie ce dont elle a besoin : les conditions pour que la paix revienne au plus vite.

En la fête de saint Jean-Baptiste, qui a préparé le chemin du Seigneur, puisse notre prière apporter le soutien dont nos frères en Syrie ont besoin, et préparer cette région à trouver le chemin d’une paix juste et durable.

 

Source : Patriarcat Latin de Jérusalem