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Syrie : Le Père Frans avait, d'avance, envisagé de donner sa vie par fidélité à son peuple

Le Père Frans van der Lugt a été assassiné lundi 7 avril devant son monastère dans la vieille ville de Homs. Dans sa chronique sur RCF Mgr Gollnisch témoigne de ce jésuite qu’il a eu l’occasion de rencontrer en allant à Homs, peu avant le début du conflit.

« Le Père Frans est une grande figure jésuite, qui depuis le début de sa vie de religieux s’est donné totalement à la Syrie.

Il y était depuis près de 50 ans. Cet homme a donné toute sa vie pour l’amitié envers tous les syriens et était dans la ville de Homs avec ses biens personnels, les biens de sa famille, où il avait aidé à l’installation des structures de l’église.

Le Père Frans savait très bien les risques qu’il prenait en restant avec eux.

Il vivait depuis plus de trois ans dans la vieille ville où étaient les rebelles. Il a eu plusieurs fois l’occasion de sortir. On lui a proposé. Il y a eu des opérations, notamment, avec la Croix rouge, qui lui aurait permis de sortir. Il s’y est refusé sachant bien ce qu’il lui en couterait de rester sur place.

C’est donc un homme qui, d’avance, avait envisagé de donner sa vie et envisager sa propre mort par fidélité à sa communauté, par fidélité à son peuple.

Cet homme, qui à près de 80 ans, et depuis 3 ans, dormait dans des sous sols pour essayer d’éviter les bombardements, était une figure originale et d’une grande spiritualité. Il a prêché des retraites à des prêtres, notamment à des prêtres du Liban, qu’il avait accueilli à plusieurs reprises, dans le séminaire patriarcal.

Nous sommes en liens très étroits avec son frère le Père jésuite Ziad qui est dans la zone soutenue par le régime. Nous sommes tout à fait effondrés par ce lâche assassinat par deux hommes encagoulés et qui « sans doute » pour des raisons sordides ont voulu « sans doute » commettre des vols, et ont, « sans doute », assassiné délibérément ce jésuite de 80 ans. « Sans doute » il aurait voulu prier pour ses assassins.

Cela n’enlève rien à la honte de ce geste ignoble qui a été commis. »

Mgr Gollnisch


Joint par RCF, le Père Ziad, insiste « le Père Frans ne parlait pas seulement de Paix. C’est un homme qui rejetait toute sorte de haine et gardait un cœur très ouvert par rapport aux autres […] Tout autour de lui, il avait des amis, surtout des pauvres et des handicapés ».

Père FransIl aimait les autres, il l’aimait l’Autre comme tel.

La dernière phrase qu’il a dite il y a quelques jours: »L’Homme en vidant tout ce qui est à l’intérieur de lui, à ce moment peut vraiment recevoir ce qui est bon de l’autre et toucher la bonté de l’autre ». […]

Le Père Frans parlait toujours d’Espérance.

On attend toujours la résurrection de notre pays avec la résurrection de Jésus Christ dans une semaine. On a toujours l’Espérance.

On a perdu un grand homme, un homme de Dieu, le Père Frans van der Lugt.

Mais lui même l’a toujours dit il faut avoir la Foi en Dieu pour voir les lumières qui passent de l’autre envers nous, de nous envers Dieu, de Dieu envers nous. Alors on attend cette belle lumière, dans l’obscurité de notre pays qui passe aujourd’hui un moment très difficile, afin de voir cette résurrection !

Père Ziad Hilal


Une messe d’action de grâce pour le père Frans sera célébrée lundi 14 avril à 18h30 à l’église Saint Ignace, 39 rue de Sèvres, 75006 Paris. Nos amis jésuites nous invitent à y participer. Unissons-nous par la prière.