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Terre Sainte : être Chrétien à Gaza, interview avec le curé de paroisse de la Sainte Famille

Source Patriarcat latin de Jerusalem

Quelles sont vos responsabilités en tant que curé de paroisse à Gaza ?

Je travaille comme guide spirituel pour la communauté chrétienne de Gaza, où je préside les messes et rends visite aux malades dans les hôpitaux. Je suis également responsable de deux programmes, le Bara’im et la Jeunesse Chrétienne. En plus de cela, je m’occupe des campagnes de financement pour soutenir les familles pauvres.

Quelles sont les activités de Bara’im et de la Jeunesse Chrétienne ?

Les activités ont lieu trois jours par semaine. Le mercredi est le jour de rencontre de la Jeunesse Chrétienne. On commence le matin avec une messe. Ensuite, les enfants jouent pendant deux heures et reçoivent un cours de catéchisme. On termine la journée par un dîner tous ensemble.

Le samedi et le dimanche, se déroule le programme de Bara’im pour les enfants de moins de 10 ans, et pour les familles. Les familles peuvent se rassembler et discuter ce que se passe dans leurs vies quotidiennes. 

Pouvez-vous me parler de l’état psychologique de la communauté chrétienne à Gaza ?

Notre église est le seul endroit où les chrétiens peuvent connaître leur identité et vivre la culture chrétienne. Par moment, non seulement les chrétiens orthodoxes assistent à trois messes, orthodoxe, catholique et protestante chaque dimanche, mais ils viennent aussi les autres jours de la semaine pour rencontrer le curé de la paroisse et participer aux différentes activités de la Jeunesse Chrétienne.

Pouvez-vous me parler de la vie quotidienne des chrétiens à Gaza ? Que font-ils face aux harcèlements ou aux menaces ?

Il y a environ 3 000 chrétiens à Gaza qui vivent au milieu d’1,8 million de musulmans, dont 130 appartiennent à l’église catholique et 1 100 appartiennent à l’église orthodoxe. La majorité d’entre eux sont des jeunes.

Le problème de Gaza est un problème qui existe dans le monde entier : les extrémistes.

Il y a 2 ans par exemple, notre église a été vandalisée : des graffitis ont été inscrits sur les murs, on pouvait y lire des messages de haine envers ceux qui suivent le Christ. Vous pouvez également trouver des écritures sur les murs des rues qui demandent aux gens de ne pas parler aux chrétiens.

La police ouvre-t-elle des enquêtes sur ces attaques ?

Certainement, car une des responsabilités du curé de la paroisse est de construire et de maintenir une bonne relation avec le gouvernement et la police. Il faut mentionner ici le père Manuel Moussallam, qui a travaillé pendant 15 ans pour construire cette relation avec le gouvernement.

Durant les fêtes chrétiennes comme Noël et Pâques, est-ce que tous les chrétiens obtiennent des permis pour se rendre à Bethléem et à Jérusalem?

Non, car il y a une loi en Israël qui interdit aux personnes entre 15 et 35 ans d’en avoir un. Pour les familles ou les parents qui ont plus de 35 ans, Israël ne donne pas de permis pour leurs enfants de moins de 15 ans parce que si les parents décident d’y aller, Israël ne peut pas garantir qu’ils reviendront à Gaza. Cela dit, dans la plupart de cas, les familles choisissent de ne pas y aller, car l’esprit de la fête est dans le rassemblement de la famille.

Est-ce que les chrétiens de Gaza veulent partir de chez eux ?

Les chrétiens et surtout les jeunes ont envie de partir de Gaza à cause de la détérioration des conditions de vie. Ils postulent sans cesse pour obtenir des visas à l’étranger ou  pour la Cisjordanie mais leurs demandes sont toujours refusées.

Propos recueillis par Saher Kawas