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Vatican II et les Églises orientales

Le 11 octobre 1962, plus de 2 500 pères conciliaires venus du monde entier donnent à Rome le coup d’envoi du concile œcuménique Vatican II, un événement qui allait profondément transformer l’Église catholique.


Pendant plusieurs siècles, les Églises d’Orient et d’Occident ont suivi chacune leur propre voie, unies cependant par la communion fraternelle dans la foi et la vie sacramentelle, le Siège romain intervenant d’un commun accord, lorsque surgissaient entre elles des différends en matière de foi ou de discipline. Le saint Concile se plaît à rappeler à tous, entre autres faits d’importance, qu’il y a en Orient plusieurs Églises particulières ou locales, au premier rang desquelles sont les Églises patriarcales dont plusieurs se glorifient d’avoir été fondées par les apôtres eux-mêmes. C’est pourquoi prévalut et prévaut encore, parmi les Orientaux, le souci particulier de conserver dans une communion de foi et de charité les relations fraternelles qui doivent exister entre les Églises locales, comme entre des sœurs.

Il ne faut pas non plus oublier que les Églises d’Orient possèdent depuis leur origine un trésor auquel l’Église d’Occident a puisé beaucoup d’éléments de la liturgie, de la tradition spirituelle et du droit. On doit aussi estimer à sa juste valeur le fait que les Dogmes fondamentaux de la foi chrétienne sur la Trinité, le Verbe de Dieu, qui a pris chair de la Vierge Marie, ont été définis dans des Conciles œcuméniques tenus en Orient. Pour conserver la foi, ces Églises ont beaucoup souffert et souffrent encore beaucoup.

L’héritage transmis par les apôtres a été reçu de manières diverses et, depuis les origines mêmes de l’Église, il a été expliqué de façon différente selon la diversité du génie et des conditions de vie. Ce sont toutes ces raisons, sans parler des motifs d’ordre extérieur, par suite encore du manque de compréhension mutuelle et de charité, qui donnèrent occasion aux séparations.

C’est pourquoi le Concile exhorte tout le monde, mais surtout ceux qui se proposent de travailler à l’instauration de la pleine communion souhaitée entre les Églises orientales et l’Église catholique, à bien considérer cette condition particulière des Église d’Orient, à leur naissance et dans leur croissance, et la nature des relations qui étaient en vigueur entre elles et le Siège romain avant la scission, et à se former sur tous ces points un jugement équitable. Cette règle, bien observée, sera extrêmement profitable pour le dialogue que l’on recherche. (…)

Tout cela étant bien examiné, le saint Concile renouvelle ce qui a été déclaré par les saints Conciles antérieurs, ainsi que par les Pontifes romains : pour rétablir ou garder la communion et l’unité, il ne faut « rien imposer qui ne soit nécessaire » (Actes 15,28). Il souhaite vivement que tous les efforts dorénavant tendent à réaliser peu à peu cette unité aux divers niveaux et dans les diverses formes de la vie de l’Église, surtout par la prière et le dialogue fraternel concernant la doctrine et les nécessités les plus urgentes du ministère pastoral de notre temps. Pareillement, il recommande aux pasteurs et aux fidèles de l’Église catholique d’établir des relations avec ceux qui ne sont plus en Orient, mais vivent loin de leur patrie. De cette façon, grandira entre eux une fraternelle collaboration : l’esprit de charité exclura toute forme de rivalité. Si l’on s’applique à cette œuvre de toute son âme, le saint Concile en a l’espoir, le mur qui sépare l’Église d’Orient de celle d’Occident étant abattu, il n’y aura plus qu’une seule demeure, solidement établie sur la pierre angulaire, le Christ Jésus qui fera l’unité de l’une et de l’autre.

Vatican II – L’intégrale Édition bilingue révisée,
Vatican II – Décret sur l’œcuménisme, n°14 et 18

Ed.Vatican Bayard compact, 2002, (p. 686-688 et 691-692)

Article du Père Sabater