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Venir en aide aux chrétiens réfugiés : entretien avec Mgr François Yakan, Vicaire patriarcal des Assyro-chaldéens de Turquie

Cette ONG a été créée en 2005 en Turquie, d’ailleurs c’est la première ONG chrétienne reconnue par le pays. Nous travaillons avec le HCR mais aussi avec toutes les ONG présentes en Turquie, ainsi que le gouvernement. Au début nous venions en aide uniquement aux réfugiés irakiens, pour faciliter les papiers administratifs, les protéger et en même temps les aider pastoralement, puis notre mission s’est étendue à tous les réfugiés. Nous agissons aussi pour les yézidis, les chiites, les sunnites, les kurdes… Si on frappe à notre porte nous essayons de les aider.

Quelle est la situation actuelle en Turquie ?

Vous savez, la Turquie c’est un pont. Les réfugiés s’installent là pour un temps puis ils repartent soit officiellement soit clandestinement vers d’autres destinations. Actuellement nous avons près de 3,5 millions de réfugiés syriens sur le sol turc, plus 200 000 irakiens. Il y a 22 camps dans le pays mais ils prennent en charge seulement 280 000 syriens. Le reste des réfugiés se trouvent dans les villes. Parfois la population des réfugiés dépasse même la population des villes. La population d’Hatay par exemple est de 64 000, alors que la ville compte 200 000 réfugiés ! Les chrétiens, comme beaucoup d’autres, ne veulent pas être dans les camps.

Comment fonctionne votre organisation ?

Nous devons prendre les personnes en charge ; c’est à dire les loger, les enregistrer, officialiser leurs papiers, les nourrir… certains syriens ont la possibilité de bénéficier d’aides de l’État et parfois de travailler également. Les irakiens n’ont pas ce statut, ils n’ont pas le droit de travailler et ne bénéficient pas de toutes les aides de l’État.

Nous, grâce aux donateurs, et particulièrement à l’Œuvre d’Orient, nous venons en aide aux irakiens qui arrivent. On les aide aussi au niveau pastoral, ce qui représente un travail colossal car il faut à la fois assurer un suivi social, psychologique etc… nous avons des cas dramatiques ; il faut les aider à ne pas désespérer, remettre debout les personnes qui sont à terre au niveau mental, physique etc.. Ils sont tous porteurs de maladie, souffrant de quelque chose, donc il faut les aider, les rassurer, les accompagner. Depuis 2 ans et la prise de Mossoul on a reçu beaucoup de demandes, on a en charge 256 veuves avec des enfants, cela représente presque 600 personnes. Comment les aider ? Ils n’ont personne, et ils attendent ici pendant des années ?

Dans quelle zone êtes-vous présents ?

Nous sommes présents dans les 81 villes du pays à travers la communauté assyro- chaldéenne du pays (816 personnes). Jusqu’à l’année dernière j’étais le seul prêtre en charge des ces missions mais depuis un jeune prêtre ordonné récemment à Istanbul m’aide. Nous avons aussi l’aide de nombreux prêtres réfugiés qui viennent d’Irak, de Syrie. Il faut les aider, les faire travailler. J’ai par exemple demandé à deux prêtres de venir célébrer la messe, donner les sacrements…

Nous élaborons aussi des des projets aussi en Syrie depuis des années. Par exemple nous livrons entre 8000 et 16 000 repas quotidien.

Quels sont vos projets ?

Au niveau de l’éducation, nous n’avons pas le droit de faire ouvrir des écoles, mais avec les frères de Don Bosco nous en avons une qui fonctionne à Istanbul. S’il y a beaucoup de réfugiés à une endroit qui souhaitent apprendre nous ouvrons des centres d’éducation. Là nous allons ouvrir un centre à Izmir par exemple pour 3000 réfugiés syriens, avec des cours en arabe, en anglais et en turc.

Votre besoin le plus urgent ?

Pour cet hiver, notre besoin le plus urgent est le logement, le gaz, l’électricité et l’arrivée de nouveaux jeunes. Il faut les soigner, les aider, les habiller. Ces arrivées sont quotidiennes… la semaine dernière j’ai reçu 64 personnes en détresse. En ce moment, la majorité des personnes qui arrivent sont irakiens.

 

Dans sa mission auprès des réfugiés, l’ONG collabore également avec les musulmans du pays. « Il n’y a pas systématiquement de services de pompes funèbres dans le pays par, donc ce sont les services de mosquée qui mettent au service de nos chrétiens une voiture et des pompes funèbres jusqu’à Istanbul, principal cimetière chrétien du pays. J’aimerais les en remercier chaleureusement ».

En ce moment l’association vient en aide à près de 49 000 personnes à travers le pays, mais les besoins ne cessent d’augmenter devant le nombre de réfugiés qui arrivent. Actuellement, près de 3,5 millions de réfugiés syriens se trouvent ainsi sur le sol turc, plus 200 000 irakiens.