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Les vestiges de la plus vieille église du monde arrivent en France

Une interview Aleteia

Plusieurs de ces pièces, confiées par des communautés de chrétiens, franchissent pour la première fois les frontières européennes, assure Charles Personnaz, chargé de mission pour le patrimoine et la culture à l’Œuvre d’Orient. Parmi elles, des fresques qui proviennent de la toute première église chrétienne connue.

Les fresques de Doura-Europos

En plein désert syrien, à l’Est de Palmyre, le site de Doura Europos a révélé l’existence d’une villa romaine transformée en lieu de culte. Elle fut bâtie au début du IIIe siècle. Une « domus ecclesiae » (« maison de l’assemblée »), dont le caractère sacré est mis en évidence par une série de fresques consacrées à des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Sur l’une d’elles, le bon pasteur est représenté, en même temps qu’Adam et Ève, pour signifier que le Christ lave l’homme du péché originel. Ce catéchisme en images, constant dans l’histoire des monuments chrétiens, confirme que ce bâtiment, qui a la structure d’une villa romaine, est bien un lieu de culte. Il a pu être daté précisément, grâce à une émouvante inscription, probablement laissée par un plâtrier : « L’an 544 (232/233). Qu’on se souvienne de Dôrothéos. »

L’église et la synagogue

Ces fresques rappellent celles que les premiers chrétiens romains réalisaient dans les catacombes. Mais si l’on veut trouver une ressemblance plus saisissante encore, il suffit de traverser la rue de Doura-Europos. À quelques mètres de l’antique église se trouvait en effet une synagogue, contemporaine de l’église, elle aussi ornée de fresques telles que celle représentant Moïse recueilli par l’une des filles du Pharaon. La proximité des lieux de culte, situés de part et d’autre de la Porte de Palmyre, vient rappeler que l’histoire des chrétiens d’Orient n’est pas faite que de drames, ils ont connu des périodes de prospérité, d’ententes et d’échanges avec leurs voisins.

« Arrêtez de croire que le christianisme vient de l’Occident »

Décidé à rétablir une vision plus juste de l’histoire du christianisme, Charles Personnaz rappelle qu’il existait une Église en Syrie bien plus développée que celle qui existait à la même époque en Europe. À ses yeux, les œuvres d’art chrétiennes qui ont traversé les siècles jusqu’à nous sont les meilleures ambassadrices de la richesse des cultures des chrétiens d’Orient. Parmi elles, les Évangiles de Rabula constituent un chef-d’œuvre. Rédigés au VIe siècle, ils sont ornés de motifs floraux colorés sur 292 folios, presque intacts. L’art de l’enluminure oriental a perduré plus longtemps en Orient qu’en Occident, car il a mis plus de temps à être remplacé par l’imprimerie, et il a donné jusqu’au XVIIIe siècle des pièces remarquables. Outre ces pièces, l’exposition compte des icônes et s’achève par des photos, qui rappellent l’actualité tragique qui frappe ces chrétiens. Mais les dangers qui menacent actuellement les chrétiens d’Orient s’accompagnent d’une espérance : ces chrétiens de communautés très diverses prennent conscience d’une identité commune et séculaire, basée sur une histoire commune.