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[ÉGYPTE] Le témoignage de Thérèse : " J’ai été marquée par la joie simple et quotidienne des sœurs de cette communauté "

Découvrez le témoignage de Thérèse qui était volontaire au Caire dans l’école Sainte Anne avec les Sœurs Egyptienne copte.


De retour en France depuis près d’un mois désormais, vient le temps de faire un bilan de cette belle année à tête reposée.

J’ai été accueillie le 7 septembre dernier par les sœurs égyptiennes du Sacré Cœur avec qui j’ai partagé le quotidien durant 10 mois. Il s’agit d’une des deux seules communautés religieuses coptes catholiques d’Egypte. J’ai pu prendre tous mes repas avec elles. La journée commençait par la messe à 7h suivie du petit déjeuner toutes ensemble. Le reste de la matinée était occupé par les diverses activités menées par les sœurs, notamment à l’école de jeunes fille Saint Joseph de l’Apparition qu’elles tiennent. Nous nous retrouvions vers 13h15 pour le repas du midi, préparé par sœur Angelina, la cuisinière, aidée par trois jeunes filles de Haute-Egypte. Après le déjeuner, les sœurs prenaient le temps de faire une sieste jusqu’à 16h où un thé attendait celles qui le souhaitent dans la salle à manger. C’est un moment que j’ai beaucoup partagé avec Sœur Angèle, une religieuse âgée, parlant très bien français. Le soir, à 20h, nous nous retrouvions pour le diner ensemble à la suite duquel nous allions nous coucher. Je n’avais qu’à traverser la cour pour rejoindre mon appartement, composé d’une chambre, d’une salle de bain et de pièces vides.

La communauté étant nombreuse, 16 sœurs vivaient dans le couvent de l’école, je n’ai pu entretenir de relation privilégiée avec toutes les sœurs, néanmoins, les repas furent un temps précieux durant lequel de nombreux liens se tissèrent malgré la barrière de la langue, bien handicapante au début. J’ai eu la chance d’être très bien accueillie par cette communauté. Elles ont été aux petits soins toute l’année, cherchant à ce que je ne manque de rien, attentives à la moindre baisse de moral, soucieuses de mon faible appétit, et très attentionnées. Elles n’ont cessé de me répéter toute l’année que j’étais une des leurs, et dès que je m’absentais le temps d’une soirée ou d’un week-end les retrouvailles n’étaient que plus enjouées, ponctuée de « enti wahashtini », autrement dit « tu nous manques ».

La vie en communauté n’a néanmoins pas été pesante. J’ai pu facilement me caler à leur rythme, demandant l’autorisation de temps en temps pour sortir le soir ou bien m’absenter en journée avant que l’école ne commence ou durant les journées de pause. Il me fallait leur dire à chaque fois ce que je faisais, où j’allais et rentrer avant 22h au plus tard sous peine de me prendre les foudres du « baweb », le portier Aïd, un vrai couche-tôt. Je pense que ce fut la seule contrainte pesante de cette année de vie en communauté.

J’ai été marquée par la joie simple et quotidienne des sœurs de cette communauté. Et c’est sans doute, ce que je veux le plus garder de retour en France. J’ai aussi eu la chance d’avoir l’accès à la chapelle quotidiennement et d’être fortement portée par une vie de foi riche ! Quitter cette communauté fut bien difficile tant je me suis attachée à elle.

Mon année de volontariat fut riche de diverses missions. La principale était auprès de ma communauté, en tant qu’enseignante de français pour les élèves de la 3ème primaire (équivalent CE1) à la 2nd secondaire (équivalent Première). Il y a deux classes par niveau, initialement une classe en français (ou tous les cours étaient dispensés en français) et une classe en anglais. Cependant, depuis quelques années, la section française ferme progressivement. Parmi les 17 classes dont j’étais en charge, seulement 4 d’entre elles étaient issues de la section française. Mes cours étaient donc presque tous adaptés d’une classe à une autre, les élèves n’ayant pas le même niveau de français d’une section à l’autre.

J’ai été sous la tutelle de Madame Anna, professeur responsable de l’enseignement du français en classe primaire. Elle m’a guidée et aidée durant l’année, me présentant les classes et les professeurs, et m’aidant dans la préparation de mes cours. J’ai été entièrement livrée à moi-même pour préparer les leçons, cette grande liberté m’allait très bien. Je me suis donc rapprochée des professeurs de français des différentes classes afin de me coller à leur programme, favorisant les exercices oraux en lien avec leur programme. Toute l’année, mes leçons prenaient la forme de jeux oraux, ou de petites présentations, permettant aux élèves de s’exprimer à l’oral.

Une me des difficiles en tant que professeur de français ne fut pas tant la préparation des cours mais plutôt de réussir à maintenir l’ordre en classe. Je n’avais pas le droit de faire sortir une élève de classe. J’en ai plus d’une fois discuté avec les professeurs qui semblaient eux aussi dépassés dans certaines classes. D’autre part, n’ayant pas de cahier rattaché à mon cours de français oral, elles n’avaient pas de support pour écrire, ce qui à mon sens a été un vrai manque. Cependant, la distribution des fournitures scolaires avait déjà été faite lors de mon arrivée dans l’école. L’école ne m’ayant pas mis à disposition l’imprimante, il m’a fallu trouver des solutions pour maintenir la concentration des élèves sans feuilles ni cahiers.

Je m’étais organisée dès le début de l’année pour assurer un suivi de chacune de mes classes et ainsi pouvoir m’adapter d’une séance à l’autre en rebondissant sur certaines difficultés rencontrées. Là encore, les sœurs ont été aux petits soins et m’ont donné les fournitures nécessaires pour bien commencer l’année.

Malgré les classes nombreuses (35-40 élèves en moyenne) et près de 500 élèves in fine une heure par semaine, j’ai pu tisser de beaux liens avec certaines élèves, à la fin des cours ou durant la récréation.

L’après-midi, j’ai rejoint rapidement les sœurs Missionnaires de la Charité à Mansheya, dans un des quartier des chiffonniers. Bien que les premières journées d’école à Saint Joseph fussent fatigantes, les longues après-midis ont vite laissé place à du temps à donner. Forte de mon expérience auprès des habitants des bidonvilles en Inde quelques années auparavant, j’avais à cœur de pouvoir m’investir dans les quartiers des chiffonniers du Caire. J’en ai parlé à mes sœurs, qui ont trouvé parmi les professeurs, l’une d’entre elles qui connaissait bien le quartier et m’a accompagnée rencontrer les communautés investies dans ces lieux. Ce fut la Providence de rencontrer ces sœurs de mère Teresa, communauté que j’admire beaucoup, car initialement, elle devait me conduire rencontrer les sœurs coptes orthodoxes ayant pris la suite de l’œuvre de Sœur Emmanuelle. Les sœurs missionnaires de la Charité ont été ravies de ma présence et sans plus tarder m’ont rattachée à deux classes différentes de soutien en anglais. Ce fut une expérience très riche ! D’une part, j’ai beaucoup apprécié les petits effectifs des classes (10-15 élèves), j’étais responsable avec Sœur Stela-Rose des 6ème primaire et avec Sœur Glennis des 1ère primaire, niveau CP, dont je n’avais pas l’habitude de m’occuper. J’ai rapidement pris en charge les élèves ayant plus de difficultés, me rendant compte par moment que plusieurs d’entre eux ne savaient en réalité ni lire, ni l’alphabet anglais. J’ai pu voir des fruits naître et au bout de plusieurs mois certains savaient lire, quelle joie !! J’ai été très touchée par le dévouement de ces religieuses qui donnent leur vie pour servir les plus pauvres. Elles s’occupent gratuitement d’une garderie permettant aux mamans d’aller travailler. Elles organisent des cours pour adulte et enfants, des évènements festifs pour Noël et Pâques. Chaque cours commençait par un Notre Père et un Je vous salue Marie en arabe, tous les enfants le recitaient en cœur alors que nombreux d’entre eux sont musulmans. D’autre part, cette mission m’a permis d’être plongée dans un environnement complètement arabophone, m’obligeant à mettre les bouchées doubles dans mon apprentissage de l’arabe pour réussir à comprendre au plus vite ce que les enfants voulaient me dire.

Les conditions de vie des ces enfants ne sont pas celles qu’on pourrait souhaiter, devant l’école les poubelles s’entassent et plus d’une fois en arrivant, je voyais ces mamans avec leurs petits, trier un à un ces grands sacs de déchets. Les enfants arrivaient bien souvent sales chez les sœurs, leurs pieds noirs de saleté dépassaient de leurs tongs, les poux sautaient mais je n’ai gardé d’eux que les sourires sur leurs visages.

Les sœurs de Mère Teresa ont été d’un accueil touchant, veillant à ce que je ne manque de rien durant mes courtes après-midis de service avec elles.

Ma dernière mission fut aussi rattachée à l’éducation et la transmission à travers le scoutisme. Ce fut encore un autre milieu, celui des expatriés français. J’ai été recrutée par le frère Mathieu, dominicain du Caire depuis deux ans et jeune prêtre. J’avais le temps et les formations nécessaires pour mener ces guides toute l’année et les emmener camper en France. La mission ne fut pas de tout repos. Nous organisions un week-end par mois dans le Wadi Degla (vallée désertique à proximité du Caire). La compagnie s’est rapidement agrandie atteignant 14 guides in fine. L’une des caractéristiques du groupe Scout du Caire c’est qu’il n’est rattaché à aucun mouvement et que bien qu’il soit catholique, il accueille tout le monde. Ce fut donc une belle mission d’évangélisation auprès des 9 nouvelles guides, baptisées pour la plupart mais pas pratiquantes. J’ai eu à cœur de la transmettre les bases du scoutisme, de la vie en groupe, de la foi ainsi que le sens de l’engagement. Au cœur de ce service j’ai rencontré et été soutenue et épaulée par Marie et Antoine, les chefs de groupe des Scouts du Caire, dont l’investissement m’a beaucoup touché. La préparation d’un camp jumelé à distance ne fut pas chose aisée mais nous sommes arrivées à bout ! Le camp d’été en France s’est terminé lundi dernier, le 24 juillet. Les 9 guides du Caire qui ont pu y assister sont rentrées ravies (et grandies), prêtes à continuer le scoutisme au Caire ou de retour en France !

Ces mois de volontariat au Caire furent d’une grande richesse ! J’ai eu la grâce de voir plusieurs fruits tout au long de ma mission et je sais combien d’autres se révèleront dans les mois à venir. J’ai appris, grandi, fait des rencontres merveilleuses, mené une vie que je n’aurais soupçonnée auparavant, découvert une culture incroyable, le tout sous le regard bienveillant du Bon Dieu.

Merci à l’œuvre d’Orient de m’avoir envoyée en Egypte, au Caire, dans cette communauté. Merci pour votre confiance, votre écoute et votre suivi. Un grand merci en particulier à Marie, responsable d’Egypte, pour ta disponibilité durant toute cette année.