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[BULGARIE] Le témoignage d'Alexandre : " La Bulgarie est une vraie leçon d’humilité "

Le témoignage d’Alexandre, 20 ans, en mission en Bulgarie depuis début septembre et jusqu’à fin janvier.


La Bulgarie, aussi appelée le vestibule de l’Orient, la Bubu, l’Afrique de l’Est ou encore le pays des roses ne porte pas ces surnoms pour rien. C’est un pays qui passe inaperçu aux yeux de beaucoup, et malheureusement cela se remarque dans le pays. A me lire on peut penser que ce pays n’est qu’une déception pour moi mais c’est justement l’inverse ! Je suis en Bulgarie depuis septembre dernier et je suis déjà nostalgique de savoir qu’en janvier prochain, je serai de retour au pays de la langue de Molière.

Ce volontariat, cette mission, ne se résume pas seulement par un service mais aussi par une réflexion profonde sur ma foi.

Il n’y a pas grand-chose à faire pour préparer un départ comme cela. S’accoutumer un peu à la langue ou encore se renseigner sur les traditions locales, mais quelle autre forme d’investissement peut-on avoir pour s’y préparer ? C’est plus que dépaysant d’arriver dans un pays sans comprendre la langue car étant complétement différente il faut s’accrocher, je m’étais renseigné sur le b.a.-ba de la langue, « merci » et « bonjour », pas hyper utile en cas de danger mais au moins on reste poli !

Je suis arrivé le 2 septembre à l’aéroport de Sofia, où Kristyan est venu me chercher pour ensuite aller à Svishtov. Au terme d’un long trajet à travers la brousse Bulgare, je suis arrivé à l’église où j’ai pu enfin rencontrer le père Patrick qui est un petit homme au grand cœur, qui aime rire, mettre à l’aise, un vrai amoureux des bonnes choses et des chats mais surtout attachant. J’ai aussi pu rencontrer son fidèle compagnon Rex, le chien ! Durant les premières semaines je prenais encore mes marques du lieu, des habitants que l’on croise souvent et de la langue. Un jour où nous revenions de la ville de Roussé, sur le trajet, le père et moi avons beaucoup discuté, chanté à tue-tête sur des musiques françaises. J’ai réellement senti que ce moment était fort, et qu’il en existerait pleins d’autres tout aussi précieux.

La Bulgarie a quelques particularités : entre ses paysages marquants, ses drapeaux qui flottent dans toute les rues ou encore les charrettes que l’on peut croiser à côté de belles voitures, ce pays est comme notre belle France, il possède une Histoire que les habitants chérissent. Ce sont des paysages qui m’ont marqué dès mon arrivée, par sa simplicité, ce qui a suscité de la tristesse chez moi. Cette tristesse m’a amené au fur et à mesure à prendre conscience de la chance que nous avions, du luxe dans lequel nous vivions tous les jours en France. Il faut aussi noter que les catholiques ne sont pas très nombreux, 1% de la population, ce qui fait de nous la 3éme religion après les orthodoxes et l’Islam turc. Les catholiques ne sont peut-être pas très nombreux ni très fervents comme le reste de la population, mais leur présence se remarque dans le tissu social bulgare par leurs engagements dans la vie de la société. Les Bulgares sont un peuple très accueillant. Dans les premiers jours, au hasard d’une sortie de messe, une dame m’arrête et se met à me parler bulgare comme si nous étions de vieux copains, un très bon moment dans la mesure où je ne comprenais pas un mot alors que j’opinais du chef tout en cherchant l’aide du père !

Il est important de savoir que la mission est une mission que j’appellerais libre, dans le sens où c’est à nous de décider d’une partie de l’emploi du temps. J’ai choisi de combler les trous de ce dernier avec du sport, de la lecture et même de temps à autre un puzzle. Mais rapidement les activités ont commencé à arriver. Tous les vendredis nous avons le patronage avec les enfants de la paroisse, qui se résume par un temps de catéchisme (auquel je participe mais sans forcément comprendre), un temps de jeu puis un temps de prière qui est toujours très touchant car il se dégage quelque chose de ce groupe d’enfants. Le mercredi les dames de la paroisse se rassemblent afin de pouvoir faire des activités manuelles. Nous avons également la Caritas, qui est un système mis en place permettant d’apporter un soutien à des familles plus démunies et nous avons récemment cuisiné des petites pâtisseries pour récolter des fonds. Ils nous arrivent aussi de partir avec le père rejoindre des familles à domicile, afin de donner des sacrements, porter des colis alimentaires, ou simplement d’avoir un contact avec eux, comme nous le faisons à la maison de retraite de Svishtov. Les visites à domicile sont toujours compliquées car je me retrouve face à une misère à laquelle je ne suis pas habitué. En plus d’être curé à Svishtov, le père a aussi le petit village de Dragomirovo à sa charge, où nous nous rendons tous les dimanches afin d’y célébrer la messe. Il s’agit-là d’une communauté plus petite que celle de Svishtov.

Nous avons plusieurs fois par jour, des Roms qui viennent à notre porte afin de demander de l’argent ou de quoi s’habiller. Lorsque le père n’est pas présent à l’église, il est évident que je me porte présent, ce qui peut amener à des situations quelque peu cocasses. Nous apportons de temps en temps des habits aux roms dans leurs quartiers qui n’ont rien à envier aux quartiers les plus pauvres de chez nous. Lors de ma première visite là-bas, un enfant me voyant arriver avec un carton rempli d’habits, a couru vers moi et m’a pris dans ses bras. Son étreinte forte m’a comblé de joie, et a donné du sens à ma présence ici. J’en ai retenu que des gestes simples et bons de notre part à tous, peuvent bouleverser en le sens de la vie de certains.

Mais au-delà de ce que je peux apporter à Svishtov, je reçois beaucoup des habitants d’ici. Je rencontre des Bulgares qui ont des parcours de vie terrible mais qui garde la foi, qui font tout pour s’en sortir et cela me fait chaud au cœur. La Bulgarie est une vraie leçon d’humilité. Il m’est arrivé de me demander en quoi j’étais concrètement utile à Svishtov. Mais ma mission est aussi le soutien que je peux apporter au père. Et il me le rend au centuple. Je sens que je grandis humainement, et que ma foi prend de plus en plus de place, ce que je ne soupçonnais pas avant de commencer cette belle mission.

J’ai récemment vue un article qui présente les Béatitudes selon le pape François, sa vision concernant les affligés me touche beaucoup au vue de la situation en Bulgarie.

Heureux les affligés, car ils seront consolés – Matthieu 5, 3-12

« Le monde nous propose le contraire : le divertissement, la jouissance, le loisir, la diversion, et il nous dit que c’est cela qui fait la bonne vie. Le monde ne veut pas pleurer : il préfère ignorer les situations douloureuses, les dissimuler, les cacher. La personne qui voit les choses comme elles sont réellement se laisse transpercer par la douleur et pleure dans son cœur. Cette personne est consolée, mais par le réconfort de Jésus et non par celui du monde. Elle peut ainsi avoir le courage de partager la souffrance des autres et elle cesse de fuir les situations douloureuses. De cette manière, elle trouve que la vie a un sens, en aidant l’autre dans sa souffrance, en comprenant les angoisses des autres, en soulageant les autres. »

-Pape François

 

Que le Seigneur bénisse L’Œuvre d’Orient, pour le bien apporté aux communautés que ce soit Bulgares ou de tous les autres pays que l’organisation aide, je n’avais pas idée du soutien avant de voir que de nombreuses communautés ne pourraient pas survivre sans eux.

 

Merci à Dieu, merci à vous,

Alexandre