• Actualités

[LIBAN] Le témoignage de Ségolène : " Leur Foi m’a édifiée ; c’est une Foi vivante malgré les difficultés, une confiance en Dieu et une grande Espérance "

Découvrez le portrait de Ségolène orthophoniste de 25 ans, partie pendant un mois à Bhannes chez les Filles de la Charité au Foyer Sainte Cécile au Liban.


Au cœur de la montagne libanaise, à Bhannes, se trouve le foyer Sainte Cécile, lui-même au sein d’un magnifique centre hospitalier. Il fait chaud l’été mais le petit air présent est le bienvenu. Tenu par les filles de la Charité, le foyer Sainte Cécile accueille 20 résidentes (dont des sœurs) ; des personnes âgées qui n’ont plus de famille, qui ont fui la guerre, qui n’ont plus de maison à cause de l’explosion du port en 2020…. Certaines sont assez seules, leur famille étant partie à l’étranger pour avoir une vie plus stable qu’ici. D’autres ont des visites de leur famille. Un point commun les rassemble toutes si je ne me trompe pas : leur Foi. Très souvent, elles égrainent leur chapelet, plusieurs fois par jour. Leur Foi m’a édifiée ; c’est une Foi vivante malgré les difficultés, une confiance en Dieu et une grande Espérance. A la question « avez-vous bien dormi ? » ou à l’acclamation « bravo vous marchez bien », j’entendais toujours des « à la grâce de Dieu ! ». Certaines ont des vies très difficiles mais elles voient quand même la lumière et tous les bienfaits que Dieu fait pour elles. C’est beau, c’est touchant, c’est édifiant.

Je participais aux offices proposés et à la messe. La journée commençait par les laudes à 7h45 ou 7h20 le mercredi, puis la messe dans la matinée, et les vêpres à 17h. La messe du mercredi était célébrée en français pour que je puisse comprendre, et parce qu’elle était tôt !

La journée, je visitais donc les résidentes ; on jouait ensemble, on se promenait, on jouait au piano, on discutait, on chantait, je leur donnais à manger pour certaines alitées. Quelle humilité ! Au cœur de leur fragilité et de leur faiblesse, elles rayonnaient. Plus elles étaient fragiles, plus je les sentais proches de Dieu, plus j’étais impressionnée. Il en faut de l’humilité quand on est totalement dépendant et j’ai trouvé que c’était une belle leçon et qu’il ne faut pas avoir peur de se laisser aider par les autres au contraire, cela procure une grande joie et paix pour celui qui aide (et celui qui est aidé !). Une dame m’a dit à un moment lorsque je lui donnais le repas « je veux mourir ». Mais non !! Elle ne se rendait pas compte à quel point elle rayonnait par sa fragilité et ce qu’elle m’apprenait : la patience, l’adaptation, faire confiance, …

Le soir, on se couchait tôt !! Il nous arrivait de parler avec Sœur Jeanne et Sœur Nadia (infirmière) après le dîner mais à 20h30 maximum, tout le monde allait se coucher ! Les soirées pouvaient parfois être un peu longues, mais cela permettait également de se poser un peu, de lire et de faire des bonnes nuits de 21h30/22h à 7h, chose rare à Paris !

Parfois, les discussions ne sont pas trop possibles, soit parce que ces personnes ne peuvent pas parler, soit parce qu’elles ont Alzheimer ou des pertes de mémoire,… Mais alors, que c’était beau quand même !! Les regards, les gestes, le langage non verbal notamment dans les expressions faciales, sont incroyables. Vraiment, qu’est ce qu’elles étaient attachantes et touchantes !!

J’aime beaucoup la personne humaine, la comprendre, faire ce que je peux pour elle, réfléchir à comment aider malgré ma petitesse et mes défauts. J’aime mais ne le fais jamais assez bien. Ici, elles m’ont confortée dans la dignité de chacun, que chaque personne est une pépite et qu’il est important de prendre en considération ce qu’elle ressent, ses joies, ses doutes, ses peines, ses inquiétudes, ses espérances. Ne pas aller trop vite, prendre le temps pour chacun, et pouvoir répondre aux besoins selon nos capacités bien sûr.

Ce qui m’a également frappée dans ce foyer, c’est l’ambiance familiale, aidée par la culture libanaise peut être. Les résidentes sont amies entre elles selon les affinités de chacune, elles papotent pendant des heures, elles se rendent visite entre elles. Lors du café quotidien, tout le monde sort dehors et c’est un moment très convivial où tout le monde parle, les unes faisant attention aux autres. On sent la chaleur humaine qui élève. Lorsqu’une partait à l’hôpital pour telle ou telle raison, les autres demandaient des nouvelles. Ou même lors de visites de membres de la famille, il arrivait souvent de les voir discuter autour d’une table avec plusieurs résidentes et non juste avec leur fille/sœur/tante etc. Cette bienveillance existe grâce aux sœurs qui tiennent le foyer je pense, et je n’ai jamais vu ça en France dans les maisons ou centres de personnages âgées, où chacun est dans sa chambre et ne parle pas à son voisin, et encore moins lors de visites !

J’ai été touchée par des sœurs qui me disaient « je fais un chapelet pour vous et pour votre famille », par le Père Joseph qui célèbre la messe à mon intention le dernier jour avant que je ne reparte, par toutes ces discussions que j’ai pu avoir avec les différentes personnes, que ce soit les employés, les sœurs, les résidentes. Je n’oublierai jamais la joie de ces sœurs, particulièrement de Sœur Jeanne la supérieure. J’ai bien ri à toutes ses blagues ! Elle m’impressionne par sa volonté et sa droiture.

Je garderai un excellent souvenir de cette mission, malheureusement trop courte ! 1 mois, ça passe bien vite ! Les sœurs m’ont divinement bien accueillie, comme une reine, et je ne les remercierai jamais assez !

Ségolène